Automobiliste en ville, ou l'art de perdre son temps
Automobiliste en ville, ou l'art de perdre son temps

Automobiliste en ville, ou l’art de perdre son temps

Article publié le mercredi 12 juin 2019 à 09h12 et mis à jour le jeudi 09 décembre 2021 à 21h51.

"J'ai pas le temps de faire du vélo, je bosse moi !" Cette phrase, si vous êtes cycliste quotidien, vous l'avez probablement déjà entendu. Autre situation vécue : la rue en sens unique, le cycliste devant, l'automobiliste derrière. Au mieux vous avez le droit à un non-respect des distances, un ronflement de moteur, un coup de klaxon, au pire une tentative de dépassement dangereuse.

La cause ? Ce que l'on appellerait "le différentiel de vitesse estimé". L'automobiliste, inondé de messages publicitaires à base de puissance, de liberté et de vitesse, est persuadé qu'il - parce qu'il a entre les mains un véhicule puissant - va nécessairement aller plus vite que vous à vélo, et que par conséquent, vous le ralentissez. C'est parfaitement faux.

"En milieu urbain, la vitesse moyenne d'une voiture est inférieure à celle d'un vélo"

Les nombreuses études à ce sujet sont toutes unanimes : En milieu urbain, la vitesse moyenne d'une voiture est inférieure à celle d'un vélo. Dans une ville - c'est-à-dire dans une circulation dense (soit la majorité du temps d'un urbain ou péri-urbain) - un automobiliste circulera avec une vitesse moyenne de 16 km/h.

Oui vous avez bien lu. 16 km/h. Certains sont donc prêts à investir des sommes colossales dans des véhicules dotés de motorisations de plusieurs centaines de chevaux, capables d'atteindre les 200 km/h ... tout ça pour se traîner la plus grande majorité du temps à 16 km/h de moyenne.

L'homme pressé (ou pas)

En 2010, une étude menée au Royaume-Uni avait démontré que les automobilistes anglais passaient en moyenne 6 jours chaque année à chercher une place de parking. Plus récemment, une autre étude, française celle-ci, estimait que les automobilistes français passaient 2 mois et demi de leur vie à trouver un stationnement.

"un automobiliste français passe 28h par an en moyenne bloqué dans un embouteillage"

Le service d'info-trafic INRIX estimait en 2015 qu'un automobiliste français passait 28h par an en moyenne bloqué dans un embouteillage. A Paris, ce chiffre monte à 45h, tandis qu'à Lyon (deuxième ville la plus embouteillée de France), le conducteur passe 36h dans sa voiture chaque année.

"74% des actifs en emploi utilisent la voiture comme moyen de transport"

Autre étude encore, effectuée en 2015, celle de la Dares, le service de statistiques du ministère du travail. Elle constatait une augmentation significative du temps de trajet moyen des français pour se rendre au travail. 50 mn en moyenne pour un aller-retour domicile > travail. Mais ce que cette dernière étude démontre, c'est que 74% des actifs en emploi utilisent la voiture comme moyen de transport principal…

La solution est dans les alternatives

Avec ces chiffres, vous pensez toujours que la voiture est un mode de déplacement efficace ?

Je ne souhaite pas dénigrer la voiture en elle-même (peut-être si un peu). Tant que nous n'aurons pas de vrais réseaux de transport dignes de ce nom, elle restera une réponse facile, rapide et fiable … sur les moyennes et longues distances.

"L'usage de la voiture est cantonné 75% du temps à de la courte, voire de la micro distance"

Le problème demeure que son usage est cantonné 75% du temps à de la courte, voire de la micro distance (58% des trajets domicile-travail de moins d’1km se font en voiture). La voiture (particulière) reste plébiscitée par une trop grande majorité de français encore aujourd'hui. Le résultat : Une congestion des villes qui s'accroît d'année en année, provoquant tous les maux que nous connaissons : pollution atmosphérique, sonore et visuelle, occupation (et dégradation) de l'espace public, stress, sédentarité

Vous me direz que la solution vélo parait facile à aborder de ce point de vue là. C'est en effet plus complexe que cela. Les rapports de la Loi Mobilités ont démontré que les français attendaient surtout des alternatives fiables et sécurisantes. Le transport public est la clé. Le vélo en est le maillon le plus solide et presque le plus facile à mettre en place.

Il ne s'agit donc pas seulement d'inciter les français à la mise en selle, mais à construire de véritables réseaux cyclables. Et vu le manque d'ambition du plan vélo national, cela n'est pas encore gagné...

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