[Visite] Dans les coulisses de FLYER, le vélo électrique Suisse
[Visite] Dans les coulisses de FLYER, le vélo électrique Suisse

[Visite] Dans les coulisses de FLYER, le vélo électrique Suisse

Au mois de novembre dernier, nous avons rendu visite à FLYER, le fabricant de vélo électrique suisse. Loin d'être un nouvel acteur sur ce marché très actif du VAE, la compagnie helvétique est une pionnière qui développe des vélos à assistance électrique depuis 1995. Comment sont conçus et assemblés les vélos électriques FLYER aujourd'hui ? On vous emmène dans les coulisses. Folgen Sie mir.

FLYER, quatre trains plus tard…

Chez Weelz!, on aime vous faire découvrir les coulisses des entreprises qui œuvrent dans le vélo. On a déjà pas mal de visites au compteur. Récemment, nous étions chez l'artisan Cyfac ou encore chez O2feel dans le Nord. Mais si vous remontez plus loin dans les archives du mag, vous y trouverez les dessous du Btwin Village, du siège allemand de Vaude ou encore une visite de l'usine historique de Brompton.

Ces visites représentent de l'investissement personnel, du temps de travail. Des déplacements parfois proches et parfois un peu plus loin. C'est à ce moment-là que se pose la question du moyen de transport. S'il arrive que la voiture, l'avion ou encore le ferry soient indispensables, on privilégie le transport ferroviaire dès qu'on le peut. C'est le moins émetteur de carbone et celui dans lequel on peut le plus facilement travailler.

Ce déplacement ferroviaire m'a permis d’emmener en test le nouveau Btwin Fold Light.

Pour ce reportage, il m'aura fallu pas moins de quatre trains (dont un Paris - Bâle) et une dernière approche en voiture pour enfin atteindre le canton de Berne et la petite bourgade Suisse de Huttwil. Un périple d'une dizaine d'heure et près d'un millier de kilomètres. Une visite chez le fabricant FLYER, ça se mérite !

Un Buffle Rouge et de l'Emmental

C'est au cœur de la vallée historique de l'Emmental, en Suisse alémanique, qu'est née la marque. Au début des années 90, Philippe Kohlbrenner bricole une "assistance électrique" sur son vieux vélo, pour mieux affronter le dénivelé de sa région du Mittelland lorsqu'il se rend au travail.

Galerie ci-dessus : Le Roter Büffel ("buffle rouge")

Sur la base d'un moteur d’essuie-glace de camion et d'une batterie de voiture, l'idée de ce bricoleur est rudimentaire. Mais elle fonctionne. Ce tout premier prototype prend le nom de "Buffle Rouge", en rapport à la couleur de son cadre et de son cintre monté à l'envers. Il faut empoigner les cornes et bien se tenir lorsque l'on bascule l'interrupteur pour démarrer l'assistance.

Historiquement, ce n'est pas le premier vélo à assistance électrique. Des inventions similaires ont vu le jour dès la fin du XIXè siècle (lire notre article sur l'histoire du vélo électrique). De nombreux fabricants asiatiques s'intéressent aussi au VAE moderne, dès les années 70/80. Mais ce Buffle rouge marque le début de l'aventure FLYER.

FLYER, "Filer sans suer"

En 1995, Philippe Kohlbrenner s'associe avec un ingénieur, Reto Böhlen, et un économiste, Christian Häuselmann, pour fonder BKTech. Trois pionniers qui relèvent le défi du vélo à assistance électrique, alors que personne n'en a jamais entendu parler. Bien avant l'ère d'Internet et des plateformes de crowdfunding, les trois associés financent leur premier modèle - baptisé FLYER - par une campagne de promotion itinérante à travers plusieurs grandes villes de Suisse.

Galerie ci-dessus : le Flyer Classic et le Flyer F-Serie.

Ce FLYER Classic se base sur un cadre diamant du constructeur suisse Villiger (marque aujourd'hui disparue). Il se caractérise par une boîte à l'intérieur du cadre, renfermant deux batteries de 17 Ah et un moteur de 170 watts. Le tout premier e-bike commercialisé en Suisse. Et il est "made in Switzerland". "Filer sans suer" était l'un de leur premier slogan.

Des collines verdoyantes et 30 nationalités

Après mon long périple, j'arrive enfin à Huttwil. Le siège suisse de Flyer se situe en périphérie de la petite commune. Malgré sa dizaine d'années, le bâtiment rectangulaire, renfermant à la fois la production mais également les bureaux de la compagnie helvétique, est moderne et plutôt élégant. 

Au sommet, on retrouve des panneaux solaires, disposés sur un toit végétal, qui recueille l'eau de pluie et la remet dans le réseau sanitaire. Le bâtiment est labellisé Minergie-P, un label suisse donné aux constructions à très basse consommation d'énergie.

C'est un grand showroom qui accueille les visiteurs. Cet espace de présentation sert principalement à montrer les différentes gammes du fabricant. L'endroit est cozy et les vélos bien mis en valeur par l'éclairage. Une sorte de stand salon, mais à domicile, en version premium et taille XXXL.

Avec mes hôtes d'un jour, nous prenons le temps d'un café. Le self qui sert à tous les employés est un grand espace vitré avec vue imprenable sur les collines environnantes. FLYER emploie près de 200 collaborateurs sur ce site, dont une majorité est dédiée à l'assemblage. Christophe Unternährer, le directeur des ventes Suisse, France et Italie que nous avions rencontré aux Prodays (cf notre article) m'explique : "Nous sommes dans un environnement multiculturel, il y a près de 30 nationalités différentes représentées dans le bâtiment."

Industriel oui, mais assemblé maison

Un café et un mannele plus tard, nous entamons la visite des lignes de production avec Christophe et Anja (Knaus, responsable communication du groupe). "Nous avons en tout trois lignes d'assemblage complètes. Mais avec la pénurie actuelle de composants, nous avons dû temporairement fermer l'une d'elle." indique Christophe.

A cet étage, les deux lignes sont disposées en miroir. A chaque extrémité, on retrouve les lourdes machines dédiées aux roues ; remplissage des moyeux, insertion des rayons, stabilisation, centrage, vérification de la tension... Les roues sont fabriquées maison chez FLYER, majoritairement à partir de moyeux Shimano, rayons Sapim et cercles Rodi ou Alexrims.

Ligne d'assemblage automatisée

Un peu plus loin, on s'affaire sur la ligne d'assemblage. Des Goroc2, l'e-bike SUV de la marque, sont en cours de montage. Les vélos sont suspendus le long d'une glissière automatisée, qui avance lentement. La ligne est toujours en mouvement, mais elle laisse bien évidemment le temps aux ouvriers d'accomplir leurs tâches. Ces derniers tournent régulièrement sur différents postes, afin de ne pas tomber dans des tâches trop répétitives.

Les vélos électriques FLYER ne sont pas Made in Switzerland ; seulement assemblés dans le pays, comme 99% de la production européenne. Les cadres proviennent de leurs usines partenaires à Taïwan. Ils sont également peints là-bas. Une fois que ceux-ci sont arrivés à destination, à Huttwil, avec l'ensemble des composants provenant eux-aussi d'Asie, c'est là que le personnel FLYER entre en jeu.

Un processus qui reste artisanal

Tout le reste du processus se fait de manière artisanale. Les pièces électroniques (moteur, batterie, contrôleur, câblage…) comme les périphériques classiques (transmission, porte-bagage, garde-boue…) sont assemblés à la main. Et FLYER a confiance en ses équipes. Hormis quelques contrôles aléatoires, les vélos électriques qui sortent de la ligne d'assemblage ne sont pas testés au pédalage. Ils partent directement en carton.

Étant donné que la peinture est réalisée en amont, il peut parfois arriver qu'une rayure apparaisse durant l'assemblage. Ou bien c'est le technicien  qui repère un défaut (logo mal centré, bavure, différence de teinte…). Dans ce cas, le vélo part dans un petit atelier de peinture jouxtant la ligne d'assemblage. Cela permet de corriger les défauts cosmétiques avec rapidité.

Sur le même principe, un atelier de réparation fait face à la ligne d'assemblage. Le personnel est ici dévolu à réaliser les petites corrections, dépannages, remplacements de pièces endommagées.

Au milieu de la vaste plateforme, la partie encartonnage. Une fois que le vélo a terminé son cycle d'assemblage, l'équipe est chargée d'emballer la monture aux petits oignons, pour que celle-ci arrive à destination en un seul morceau. Une fois dans leurs cartons, les vélos partent en général dans la semaine, direction le réseau de 1100 revendeurs FLYER à travers l'Europe.

49% de la production FLYER part vers l'Allemagne, 24% reste en Suisse. Le reste se partage principalement en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg (Benelux 17%), en Autriche (7%). Des pays comme la France ou l'Italie représentent une part encore faible des ventes (3%), mais qui tend à augmenter.

Des millions d'Euros de stockage

Christophe et Anja m'emmènent dans la zone de stockage du bâtiment. L'endroit est sécurisé. "Nous en avons pour près de 70 millions d'Euros de pièces et de composants ici" me dit Christophe en me montrant les linéaires aux étagères s'élevant à plus de 10 mètres du sol. "Et encore, nous avons aussi de la marchandise en container, qui attend de quitter les ports" continue-t-il.

Un peu plus loin, une autre zone de stockage, sécurisée également, mais pour une autre raison. C'est là que sont entreposées les batteries des vélos électriques. En cas de départ de feu, de lourdes portes coupe-feu peuvent se fermer et isoler cette zone du reste du bâtiment.

Des vélos électriques pour le tourisme ou du team building

C'est l'heure de la pause déjeuner. Le restaurant prévu est situé à une dizaine de kilomètres. Malgré un temps venteux, froid et humide, autant y aller à vélo, non ? (cf photos ci-dessus). Il faut dire qu'en termes de disponibilité de vélo, chez FLYER, on est servi. L’entrepôt faisant face au siège abrite une flotte considérable. Des centaines de VAE attendent sagement qu'on les utilise.

C'est une autre activité du fabricant ici à Huttwil : la location de vélo à vocation touristique. La marque édite même un catalogue regroupant les meilleures randonnées à réaliser à vélo dans cette région de l'Emmental. Elle travaille en étroite collaboration avec des guides locaux. Vous pouvez louer à la journée ou sur plusieurs jours. Cette flotte peut aussi servir à des entreprises locales, qui louent les salles de réunion du bâtiment pour des séminaires, et en profitent pour faire un peu de team building à vélo dans la région.

Pour découvrir les modèles qu'ils proposent, vous pouvez (re)lire cet article qui résumait la gamme FLYER 2023.

FLYER & le système FIT

Avant de récupérer mon train en fin d'après-midi, j'ai pu rencontrer les responsables de Biketec GmbH, la société derrière la solution FIT. L'équipe faisait tout d'abord partie intégrante de FLYER, avant de finalement se séparer pour créer une entreprise à part entière en 2020. Les liens entre les deux compagnies restent toutefois très étroits (leur locaux font face au siège de FLYER).

FIT propose aux fabricants de vélos électriques une solution complète, à la fois logicielle et matérielle. Elle développe une solution interconnectée tout en utilisant les composants des fabricants existants. La jeune compagnie collabore notamment avec Panasonic, qui intègre la solution FIT directement dans ses moteurs. Des ingénieurs de la firme japonaise étaient d'ailleurs présents lors de ma visite.

L'équipe FIT développe ses propres batteries (intégrées ou semi-intégrées) et ses propres écrans. Elle conçoit aussi un module de tracking GPS qui, connecté à l'application mobile FIT, permet de localiser le vélo en cas de vol. Ce e-bike tracker intègre aussi un détecteur de chute.

Vous avez aimé cet article ? N'hésitez-pas à vous abonner à notre newsletter. Vous pouvez aussi nous ajouter en favoris directement dans Google News. Et si vous voulez approfondir votre vélo culture, nous décortiquons l'actu vélo dans cette autre newsletter, Weelz! Décrypte. Une question, une remarque ? Contactez-nous.

Retour en haut de page