Attachement et Vélo

Attachement et Vélo

Article publié le vendredi 18 juillet 2008 à 10h12 et mis à jour à 11h51.

Ne pas confondre attachement au vélo et attachement du vélo. Et pourtant, ces notions sont étrangement liées. Je propose qu'on s'y attarde un peu.Musée Beaubourg

Il m'est arrivé une expérience qui vient à point nommé pour illustrer mon propos : je me suis fait voler un vélo fin 2006. Expérience désagréable sur le coup, puisqu'il m'a fallu parcourir à pied les huit kilomètres que je devais faire à vélo, et vite, puisque j'étais attendu à un petit-déjeuner que j'avais organisé en l'honneur des ''déplacements alternatifs'', c'est-à-dire autrement qu'en voiture.
Mon quart d'heure de retard et l'annonce de sa cause ont eu leur petit effet. Et la nouvelle s'est bien évidemment vite propagée. C'est là que j'ai pris conscience de la différence de conception que j'ai de certaines choses, par rapport à bien des gens, et que cette différence explique en partie pourquoi il m'est si facile et si agréable de prendre le vélo à la place de la voiture.

Au préalable, je me dois de m'expliquer sur un petit calcul que j'ai fait, avant de décider de laisser un vélo en permanence à la gare. En venant au travail en train, puis à vélo, j'économise entre 100 et 250 euros par mois par rapport à la voiture, selon le mode de calcul que j'adopte sur le coût kilométrique (mon mode propre, basé sur mon expérience d'utilisateur économe d'une voiture, ou les barèmes en vigueur auprès de l'automobile club). A côté de ça, on trouve à moins de 100 euros des vélos tout à fait acceptables pour faire les vingt kilomètres quotidiens que je leur demande. Bref, un vélo et les accessoires (antivol, porte-bagages…) me coûtent un peu plus qu'un plein d'une voiture familiale.Tribute to my Bike, par Mister-H
Fort de ces calculs, j'ai résolu le problème du vol en me disant que tant que je me faisais voler moins d'un vélo tous les quinze jours, c'était économiquement rentable d'utiliser ce moyen de déplacement, avec le plaisir en plus. Je me suis fait voler ce vélo après un an, et je reconnais que j'ai une part de responsabilité de par le choix d'un antivol sous-dimensionné. (NDLR: la Fubicy vient utilement de publier un nouveau test d'antivols dans son numéro de juin 2008 de la revue Vélocité). Donc, pas de souci. J'ai repris un vélo à trois francs six sous en occasion, et c'est reparti…
Mais là où l'expérience a été formatrice pour moi, c'est au niveau des témoignages.

Peu de temps après cet événement, une collègue m'a interpellé pour me manifester sa compassion par rapport à ce vol. Cela m'a surpris, car ça ne me paraissait pas si grave que ça. Et en fait, je me suis rendu compte que pour beaucoup, se faire voler un vélo, c'est se faire voler un véhicule. Et là, c'est plus traumatisant que de perdre simplement le montant d'un caddie de courses au supermarché.
Cette anecdote m'a amusé car j'ai immédiatement considéré que mon vélo de rechange m'avait coûté moins qu'un plein d'essence, et imaginé combien incongru cela paraîtrait si quelqu'un allait exprimer de la compassion à chaque fois qu'un collègue fait son plein d'essence!
Mais je ne dis pas cela tout à fait au hasard. En effet, le risque de vol est, après la peur des accidents, la deuxième raison invoquée justifiant de ne pas utiliser le vélo pour se déplacer. Pourtant, il s'agit bien là d'une erreur de calcul.

Le raisonnement ci-dessus démontre que, pour peu qu'on l'utilise suffisamment souvent pour économiser le prix des déplacements en auto, le principal inconvénient du vol d'un vélo est le temps perdu lors de cet événement imprévu. Mais là encore, concernant le temps perdu, je ne compte pas le nombre de collègues qui arrivent régulièrement au travail avec une demi-heure de retard pour cause d'encombrements sur la rocade, suite à un accident ou une météo défavorable. A la limite, à les entendre, la pluie est encore plus gênante en auto, de par les bouchons qu'elle engendre, qu'à vélo.

Mon raisonnement vous paraît un peu tiré par les cheveux ? Peut-être, mais franchement, ceux justifiant de ne pas pouvoir se passer de la voiture le sont souvent au moins autant et puis… C'est pour la bonne cause.

Hervé Bellut, Président de l'Organisation Bus Cyclistes

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