Vélo tourisme, le Grand Tour des Préalpes d’Azur

Traverser les hauts plateaux calcaires de la Provence alpine, c'est ce que propose le menu de ce Grand Tour des Préalpes d'Azur. C'est un circuit d'une longueur de 250 kilomètres, que le département des Alpes Maritimes propose de réaliser en six jours¹. Mais Loïc, notre contributeur, aime relever des challenges. Pour lui, ce sera avalé en une fois, non sans avoir profité de la vue en balcon au-dessus de la Méditerranée. On lui laisse la parole ci-dessous.

2 boules de glaces et un Grand Tour des Préalpes d'Azur s'il vous plaît

C’est en dégustant une glace (deux boules stracciatella et cacahuète) chez l’excellent Diego, à Cabris, que j’ai découvert en plein été, ce Grand Tour des Préalpes d’Azur. C’est à croire que nos yeux de cyclistes passionnés ne pourraient passer à côté de ces fameux panneaux blancs, pictogrammes verts, synonymes d’échappées et de découvertes. Ni une, ni deux, un topoguide du Conseil Départemental des Alpes-Maritimes et quelques fiches d’horaires de train plus tard, je me retrouve en ce dernier jour de septembre à 7h45 en gare de Grasse pour 250 kilomètres sur cet itinéraire cyclable.

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Ce circuit est proposé touristiquement en six jours avec de nombreuses activités et services tout au long de ses routes. Ce dernier n’étant pas téléchargeable en traces GPS, je me suis permis de vous le partager sur Komoot² afin d’éviter tout problème de pliage d’une brochure en "8" dans votre poche arrière d’un maillot qui n’absorbe pas tant la transpiration que ça. Il est propulsé par le Conseil Départemental 06 et c’est donc bon signe quand on sait que ce sont ces institutions qui sont en charge de la voirie et de la signalétique des routes.

Préalpes d'Azur : De Grasse un Grand Tour !

"sa place qui nous offre une vue panoramique sur la baie de Cannes : des îles de Lérins, jusqu’au massif de l’Estérel"

Aux premières odeurs subtiles des différentes parfumeries de Grasse se mêlent les échappements des voitures. Échappons-nous vite pour Cabris "la perchée", à seulement six kilomètres de là. Pour une glace ? Non. Pour sa place qui nous offre une vue panoramique sur la baie de Cannes : des îles de Lérins jusqu’au massif de l’Estérel plus à l’ouest. Quand on apprend (et qu’on lit les panneaux historiques) que ce village a été déserté pendant 150 ans à cause de la Grande Peste de 1348 et qu’il est aujourd’hui si prisé, on réfléchit à deux fois avant de jeter son premier dossard glané gamin à la kermesse du quartier !

C’est à Saint-Vallier-de-Thiey qu’un cerf grillagé au rond-point vous indique de son museau la direction plein nord et le premier col de la journée. C’est dans la montée du Col du Ferrier (1041 mètres) que je rencontre alors deux britanniques en train de papoter. Malgré mon accent à couper au couteau, j'entame un échange et comprends que l’un deux est un ancien professionnel. Son nom ? J’étais plus concentré à poser ma prochaine question tout en évitant de percuter une bagnole de plein fouet que de le retenir. Ils se baladeront vers Gréolières pour la matinée, recherchant des montées plus longues et moins pentues que de l’autre côté de la Manche. Parce qu’il existe certainement là-bas un dénivelé autre que celui des descentes au pub.

L’approche de Gréolières au 55ème kilomètres vous fait rentrer dans une nouvelle dimension géographique et temporelle. Ici, place aux villages fortifiés accrochés aux parois qui luttent face à l’inclinaison des gorges calcaires. Grâce à une montée régulière parfaitement bitumée, vous avez le temps d’imaginer ces territoires à la Renaissance alors disputés pour conquérir la vallée du Loup. Quelques coups de pédales plus tard, un tout autre paysage s’étend sur plus de 40 kilomètres, à cheval entre les étapes N°2 et N°3 du topoguide du parcours. Un plateau type jurassien à plus de 1 000 mètres d'altitude s’ouvre sous vos yeux, peuplés de pins et d’animaux à quatre pattes en tout genre (bisons, chevaux de Przewolski, taureaux…).

Un espace digne d’un décor de western nord-américain

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Cet espace digne d’un décor de western nord-américain regorge de réserves biologiques et de bons sens paysans. Au lieu de m’arrêter à Thorenc, comme conseillé par le topoguide, je choisis le village de Valderoure, six kilomètres plus loin, car il symbolise le point le plus à l’ouest du circuit. Le panneau « boulangerie » à l’entrée du bourg me conforte dans ce choix. Je trouve alors un charmant couple qui vient de reprendre une sorte de conglomérat de préfabriqués et de cabanes pour le transformer en épicerie-bar-snack. Si j’écarte sa proposition de quiche lorraine ayant grandi dans les Vosges, sa pissaladière et sa tarte au citron sont un délice. Je reprends des forces sur leur terrasse herbeuse, entouré d’ouvriers de chantier, sur un fond musical de rock assumé.

« - Les toilettes, s’il vous plaît ?
- Prenez cette clé, sortez du bâtiment à gauche et dans la rue encore à gauche dans la cabane en bois. »
Système D, certifié triple A.

Beauté géologique

Pour vous aider à digérer, des courtes montagnes russes vous entrainent jusqu’à une descente ludique, sur une route sinueuse et gravillonnée, vers Aiglun (507 mètres). Ce n’est pas le tunnel traversé qui créé le plus d’écho dans ce paysage somptueux ; Mais cette gorge (ou clue) impressionnante sous le village avec des vasques d’eau de toutes les couleurs. Redescendu à moins de 400 mètres pour admirer cette beauté géologique, il ne vous reste qu’à remonter 700 mètres plus haut jusque Ascros (1145 mètres) au 145ème km pour réaliser ce que vous venez d’observer. Et plus particulièrement depuis le village de Sigale où la chaleur de l’après-midi vous fait avancer à pas de fourmis.

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Les 50 kilomètres suivant ont tout bonnement le mérite de ne pas vous faire perdre de vue votre chemin. En effet, vous serez sur une route en balcon qui vous permet d’envisager la dernière partie de ce Grand Tour. Ou ça ? Là ! Juste en face, vous rappelle votre GPS sur la carte. Seulement entre les deux, un gaz de plus de 800 mètres, vous empêche de faire l’impasse sur l’Estéron, une vallée reculée. Passage forcé donc à Gilette, Roquesteron, Bouyon…Il eut été facile de faire des jeux de mot entre ces villages et l'épilation de mes cuisses ou d’une boisson chaude. Seulement la forme physique qui décline comme cet après-midi d’automne m’oblige à tirer sur la corde. Même une pause près d’un terrain de pétanque me fout les boules d’entamer la longue remontée vers Coursegoules (1002 mètres).

Apercevoir Grasse au loin, scintillante

C’est sans réelle difficulté, d’un cheminement progressif sur tout de même 30 kilomètres, que je parviens depuis Roquesteron à m’extirper de la vallée de l’Estéron pour apercevoir Grasse au loin, scintillante. La nuit est tombée. 40 kilomètres, la tête penchée dans le guidon quand il s’agit de lire les distances restantes sur le parcours de l’IronMan de Nice. 40 kilomètres, à la lueur de la frontale qui fait briller les yeux des occupants du quartier. 40 kilomètres, à sentir une écurie parfumée à la rose « Centifolia ».

Ce Grand Tour des Préalpes d’Azur est en conclusion la parfaite illustration de l’ancien nom de la région « Provence-Alpes-Côte d’Azur » : Grands espaces naturels d’exception proposant des routes en balcon sur la Méditerranée. Avantage de posséder de formidables reliefs et activités alpines. Cachet exceptionnel d’architecture provençale chargée d’histoires. L’investissement vaut le coup, à condition d’étaler le règlement !

¹ Le département des Alpes Maritimes propose un circuit en boucle à réaliser sur six jours, au départ de Grasse en passant par Saint-Vallier-de-Thiey, Thorenc, Aiglun, Gilette et Bouyon.
² Loïc est sympa, il vous a laissé sa trace sur ce Grand Tour des préalpes d'Azur en public sur Komoot.