Vélo libre-service et loi sur le port du casque, une relation ambiguë...
Vélo libre-service et loi sur le port du casque, une relation ambiguë...

Vélo libre-service et loi sur le port du casque, une relation ambiguë…

Article publié le mardi 25 mars 2014 à 06h30 et mis à jour le lundi 23 décembre 2019 à 09h00.

7014599299_f252817047_zDepuis 2007 et l'implantation de Vélib' à Paris, certes après le Velo'v lyonnais ou les Yélo rochellais, mais avec un rayonnement beaucoup plus important, les systèmes de vélo en libre-service ont fleuri dans plus de 500 villes à travers la planète.

Ces systèmes s'avèrent aujourd'hui être des éléments-clés des réseaux de transports en communs, au même titre que les bus, métro et autre tram. Avoir une station VLS proche devient même un argument de poids dans les ventes de biens immobiliers ou dans l'implantation de nouveaux commerces.

10514765535_a0fa7fdcb2_zLes diverses études et statistiques réalisées depuis parlent d'elles-mêmes : Pour Vélib, environ 110 000 locations sont effectuées en moyenne chaque jour. Vélo'v compte plus de 45 000 abonnés annuel actifs. VCub (Bordeaux) compte plus de 2,5 millions de trajets annuels. Et si l'on s'éloigne un peu, New-York et son tout jeune système Citibike, comptabilise déjà plus de 3 millions de voyages depuis son ouverture en Mai 2013.

Quid du port du casque dans cette histoire ?

"L'utilisateur de système de vélo-partage n'est pas un cycliste, c'est un usager"

L'utilisateur de système de vélo-partage n'est pas un cycliste, c'est un usager de transport en commun.

La nuance est subtile (ou le raccourci facile), mais c'est bien ainsi qu'il se considère, à milles lieux d'une quelconque recherche de pratique sportive, il assouvie avant tout un simple et primaire besoin de transport. Se rendre d'un point A à un point B, en utilisant les moyens de transport public mis à sa disposition.

Dans les chiffres, tandis que près de la moitié des personnes qui possèdent leur propre vélo porte un casque, seul un usager VLS sur cinq en utilise un.

Melbourne bike shareRegardons l'exemple australien : des systèmes de vélo en libre-service se sont implantés dans deux grandes villes - Brisbane et Melbourne - dont la juridiction impose le port du casque à tous cyclistes.

Résultat : ces systèmes comptabilisent seulement 0,3 voyages réalisés par jour à vélo.

Comparativement, Dublin, une ville beaucoup plus petite en population et ne possédant pas du tout les mêmes avantages climatiques qu'en Australie, mais qui, elle, n'impose pas le port du casque, dénombre plus de 6 voyages à vélo par jour.

5725929573_656eac3bbd_zUn autre exemple encore plus probant est celui de Mexico City, qui, en 2010, juste avant le lancement de son système de vélos en libre-service Ecobici, a purement et simplement abrogé la loi obligeant les utilisateurs de vélo à porter un casque.

Le dispositif VLS est aujourd'hui un succès, avec plus de 95 000 abonnés annuels.

Dans la même année, Tel-Aviv a fait de même afin que les Tel-ofan, les Vélibs de la capitale économique israélienne, puissent s'épanouir pleinement.

Ne pas imposer mais encourager

Imaginez maintenant que le gouvernement français souhaite légiférer à ce sujet pour rendre obligatoire ce couvre-chef à l'ensemble des cyclistes de l'hexagone... Quelles seraient les conséquences sur l'utilisation des systèmes de vélo libre-service ... ?! Désastreux assurément !

Cette relation ambiguë comme nous l'évoquons en titre est probablement la raison principale pour laquelle l’État prend autant de temps (et de gants) avant de prendre une décision légiférante qui causerait du tort aux puissants lobbies publicitaires tel que JC Decaux ou Clear Channel, propriétaires de ces fameux systèmes VLS (Et cette fois, nous ne pouvons que nous en réjouir).

"Une piste cyclable séparée et sécurisée sauvera beaucoup plus de cyclistes qu'une simple coque en polystyrène."

Les solutions sont pourtant relativement simples pour "favoriser" (entendons par là "encourager" et non "imposer") le port du casque à vélo. Faire comprendre aux enfants, dès le plus jeune âge, l'importance du casque pour qu'ensuite son port devienne un réflexe évident. Cela est d'ailleurs valable pour les adultes, avec un discours adapté.

Les plus "âgés" d'entre-nous se souviennent surement de cette phrase "Un petit clic vaut mieux qu'un grand choc" sur l'utilisation de la ceinture de sécurité dans les années 70. Qui aujourd'hui n'a pas le réflexe de mettre sa ceinture en montant dans une voiture ?

Mais que le gouvernement comprenne bien une chose : il sera vain et inutile de communiquer sur le port du casque, si ces campagnes ne sont pas suivies d'une réelle et courageuse politique cyclable nationale qui remettra au premier plan l'utilisation du vélo et sa place parmi les autres moyens de déplacement.

Une piste cyclable séparée et sécurisée sauvera beaucoup plus de cyclistes qu'une simple coque en polystyrène... à bon entendeur...

Crédits photos : JFGornetCarlosfpardo, SamFa, Carlinow, Israel21c_internal.

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