UCI Mobility Forum, l'Union Cycliste Internationale veut (aussi) promouvoir le vélo urbain
UCI Mobility Forum, l'Union Cycliste Internationale veut (aussi) promouvoir le vélo urbain

UCI Mobility Forum, l’Union Cycliste Internationale veut (aussi) promouvoir le vélo urbain

L'UCI là où on ne les attend pas

Article publié le lundi 25 novembre 2019 à 10h09 et mis à jour à 10h49.

Mardi 12 novembre 2019 se tenait à l'Hôtel de Ville de Paris, un forum sur la mobilité active et urbaine organisée par l'Union Cycliste Internationale (UCI) sous le thème:

"Promouvoir la mobilité active du futur"

Explications pour les anti-cuissards: L'UCI est au vélo ce que la FIFA est au foot. L'autorité internationale, reconnue par le CIO (Comité International Olympique) pour organiser les compétitions de cyclisme, toutes ou presque (Route, BMX racing/freestyle, piste, Vtt, Cyclocross, trial, cyclisme en salle (foot à vélo, ballet)) .

L'UCI est bien la fédération Cycliste Internationale, elle chapeaute l'ensemble des compétitions, elle est l'autorité qui peut décerner les titres de champions du monde dès lors qu'il y a un vélo sous les fesses du/de la cycliste. Décerner des titres (et produire les règlements) est bien sa première raison d'être (comme toutes les fédérations sportives, elles sont là pour organiser les compétitions).

"Les cyclistes du quotidien, la compétition c'est souvent le cadet de leur souci"

Les cyclistes du quotidien, la compétition c'est souvent le cadet de leur souci. Voir même sujet de crispation quand une ville est traversée par une étape du Tour de France et que l'équipe municipale maquille rapidement, temporairement et vulgairement la ville pour la présenter cyclamicale le jour J.

Ces cyclistes du quotidien veillent au grain et sont assez prompts à condamner les grandes courses pour leur bilan écologique désastreux, condamner le "sport business" et trop souvent l'absence d'héritage cyclable pérenne, une fois les cotillons et paillettes balayés.

Ces groupes de pression sont présents partout dans le monde, dès lors qu'il y a une conscience qu'il faut changer son mode de déplacement et soutenir autant que faire se peut la mobilité à vélo.

"L'UCI, comme toutes ses fédérations internationales, ont bien compris depuis quelques années les enjeux sociétaux qui vont de pair avec le sport"

L'UCI, comme toutes ses fédérations internationales, ont bien compris depuis quelques années les enjeux sociétaux qui vont de pair avec le sport. Elles ont bien compris, que le sport de haut niveau n'a de sens que s'il contribue à l'amélioration du quotidien des sportifs du dimanche.

Etre la fédération Internationale du cyclisme implique donc une vraie responsabilité envers le/la cycliste du lundi matin, celui/celle du mercredi après-midi et celles et ceux du jeudi soir. Vous, moi, nous en sommes.

C'est donc avec une vraie curiosité que je viens pour écouter les 25 différents intervenants qui vont défiler pendant cette journée où la hauteur de vos chaussettes n'intéressera pas les juges-arbitres, où les titres de champions du monde et autres trophées, vont, à priori être mis de côté pour laisser la parole à ceux qui construisent le vélo au quotidien au sein de l'UCI.

La Ville de Paris reçoit le Label UCI cycling Bike City

Il va être assez rapidement question de trophée finalement, puisque notre hôte du jour, la mairie de Paris, représentée par Christophe Najdovski, va se voir remettre le trophée du label Bike City. Rejoignant ainsi des villes telles que Vancouver, Bergen, Copenhague ou encore Glasgow (Saint Quentin en Yvelines est aussi labellisée).

https://twitter.com/oschneider_fub/status/1194188542831972353

Si vous voulez en savoir plus sur ce label, le plus simple étant de cliquer sur ce lien. Vous noterez tout de même que le premier axe pour l'obtention de ce label est bien d'accueillir un événement UCI majeur. D'où l'absence d'Amsterdam ou Strasbourg par exemple dans ce label.

Mais nous ne sommes pas là pour discuter ni de la pertinence d'intégrer Paris à ce label, ni de la pertinence des critères d'entrée. Sachant que ce label n'existe que depuis 2015, il est voué à progresser et nous l'espérons s'exporter sur d'autres continent que l'Amérique du Nord (Vancouver) et l'Europe.

Et oui, sauf erreur, aucune ville ou région en Asie, en Afrique, en Océanie ou encore Amérique du Sud ne fait pour l'instant parti de la grande famille.

https://twitter.com/cycling/status/1196793659288625160

A propos de voyage autour du monde, les intervenant.e.s à ce Mobility Forum viennent de tous les continents (sauf l'Asie qui semble avoir été oubliée).

C'est l'un des points forts de cette journée de présentation. Donner une vision relativement globale du développement du vélo, en tant qu'outil de mobilité active et ce quelle que soit la région du globe concernée.

Amanda Ngabirano

L'intervention d'Amanda Ngabirano, Maire vélo (entre autres) de la ville de Kampala (Capitale de l'Ouganda), converge absolument avec l'intervention de Paul Robinson membre d'une ONG anglaise, Bikeability Trust par exemple.

"Le vélo urbain est une réponse à bien des maux identifiés"

Je ne vais pas reprendre les interventions des 25 personnes qui sont venues présenter leurs actions, projets et autres résultats. Ce qui est certain, où que l'on soit, quelle que soit la région où l'on pédale, les constats sont les mêmes. Le vélo urbain est une réponse à bien des maux identifiés et connus de vous tous, lecteurs assidus de Weelz.

Plus d'égalité sociale, une ville apaisée, une ville plus respirable. Amanda, va même plus loin, annonçant que le vélo est un outil de liberté (ça on le sait) mais aussi souvent un outil pour survivre, un outil pour l'indépendance financière et donc un outil d'émancipation. Rien que ça et nous ne sommes pas là pour la contre-dire.

Les présentations se succèdent, elles tentent d'aborder le sujet du vélo au quotidien sous tous les axes importants que nous connaissons: Plus d'infrastructures, une meilleure formation dès le plus jeune âge, le grand remplacement en cours, moins de voitures, plus de vélos. Le vélo comme activité physique gageure de meilleure santé, le vélo comme levier de développement économique d'une région, le vélo tourisme.

Anecdote qui a son importance, la parole est donnée aussi à un représentant de la FIA (Fédération Automobile Internationale) qui vient présenter le programme "FIA For Road Safety". C'est intéressant de constater qu'au niveau des Institutions Internationales un dialogue existe entre les représentants des différents usagers.

Puisque les sujet sont connus, on peut se demander quoi retenir de cette journée? (Oui le forum s'est déroulé sur 2 jours, Weelz n'a participé qu'à la journée du mardi, le mercredi étant dédié aux membres des villes label Bike City).

Les leçons du jour et quelques pistes de réflexion

Ne pas confondre quantité et qualité, même si la quantité joue parfois sur la qualité.

J'ai d'abord été surpris par la foule vraiment peu nombreuse. Quand l'UCI annonce 90 personnes sur son compte-rendu (cf lien plus bas), le mercredi j'ai compté 55 personnes dans la salle. Toujours donc le fameux décompte sur les manifestations, est-ce selon les organisateurs ou selon la police? Sachant qu'il y a eu environ 25 intervenants qui sont montés sur la scène, une rapide soustraction indique que seulement 30 personnes sont venues écouter ces échanges. C'est peu.

Quand David Lappartient (président de l'UCI) annonce que son organisation regroupe 196 fédérations nationales, quand la FFCyclisme revendique 119,000 licenciés regroupés dans plus de 2,500 clubs, 30 curieux, ça fait peu.

Alors évidemment la quantité ne fait pas la qualité, néanmoins ce chiffre de 30 personnes qui assistent effectivement aux débats parait dérisoire. Construire la mobilité active de demain n'intéresserait-elle pas plus que cela les président.e.s des clubs de la ffc? N'intéresserait-elle pas les Raymond.e.s de France et de Navarre.

Je n'ai pas interrogé les organisateurs pour connaître leur opinion sur la maigre affluence à cette journée. De toutes façons la réponse aurait été diplomatique et policée. Il faut peut-être regarder au niveau de la communication faite autour de l'événement. J'ai probablement mal cherché mais je n'ai pas vu de communication en amont de ce forum ni sur les réseaux sociaux, ni sur les sites internet des organisateurs (UCI et FFCyclisme en tout cas).

J'ai entendu parlé de ce Forum au détour d'une discussion avec Christophe Najdovski. En tout cas, impossible de savoir s'il y a ici un vrai loupé, un véritable manque de savoir-faire (ou devrais-je dire faire-savoir) ou une volonté délibérée de garder l'accès à ce Mobility Forum à un public restreint.

Difficile d'imaginer la dernière solution, vu les enjeux qu'il y a derrière un tel sujet. Aussi s'il y a volonté de garder le forum dans un cercle restreint, pourquoi nous suggérer dès l'introduction d'utiliser le hashtag #UciMobilityForum sur les réseaux sociaux? Bref, mettons ce loupé de la communication sur le compte de la jeunesse de ce forum. Ce n'est que la deuxième édition.

L'autre surprise est l'absence notable de coureurs cyclistes professionnels, de potentielles têtes d'affiches (ne le prenez pas mal Messieurs Najdovski ou Lappartient) mais qui incarne le mieux l'importance de l'héritage de la compétition pour les spectateurs qu'un coureur pro?

Les routiers en tout cas, qui roulent plus de 20,000km par an sur route ouverte en entrainement ne sont-ils pas les plus concernés par la sécurité sur la route et l'éducation indispensable qu'il faut transmettre à tous les usagers, ne sont-ils/elles pas les meilleur.e.s ambassadeurs/drices du cyclisme - en tout cas le cyclisme labellisé UCI?

Les coureurs payent un lourd tribu, il me vient à l'esprit spontanément la disparition du coureur italien Michele Scarponi mais il y en a bien d'autres. Les coureurs pros savent s'investir sur ce sujet du vélo comme outil de mobilité active. Peter Sagan est bien (l'est-il encore?) ambassadeur de l'organisation C40.org. Ou encore Taylor Phinney, tout jeune retraité depuis la fin de cette saison ne ferait-il pas un superbe ambassadeur pour ce UCI Mobility Forum? Dans une interview à Libération en 2017, que vous pouvez retrouver ici, il déclare je cite:

"{...] Je dois essayer de changer le monde de manière positive. Utiliser ma position non seulement pour atteindre mes objectifs, mais pour faire de cette planète un meilleur endroit. En faisant en sorte que chacun fasse du vélo plutôt que d’utiliser sa voiture ! L’avenir, c’est le vélo électrique."

Passé ces surprises, à écouter les interventions, quelque fois on sent une certaine pudeur, pour ne pas dire gêne, on nous rappelle régulièrement que l'objet de la journée est bien de parler de mobilité active et non de sport. Même si le sport, l'intérêt et l'argent qu'il génère doit bien laisser un héritage concret et tangible pour le quotidien des cyclistes.

Une compétition sportive est par essence éphémère alors qu'un équipement du type piste cyclable, parking à vélo sont bien des constructions pérennes qui s'inscrivent dans la durée.

"Le vélo est perçu de manière universelle comme la meilleure solution pour une mobilité active"

Pour finir, sur des notes positives, parce que le contenu de cette journée est tout de même remarquable; le constat est partout le même. Le vélo est perçu de manière universelle comme la meilleure solution pour une mobilité active, douce et durable dans les villes (non les rageux, le vélo n'est pas qu'une lubie de bobo parisien).

Constat aussi que l'engagement pour promouvoir le vélo du quotidien de l'UCI (et la FFCyclisme en ce qui nous concerne) semble bien sincère et volontaire. Constater enfin -en France en tout cas-, qu'une fédération telle que la FFCyclisme n'hésite pas à solliciter sur une table ronde , et probablement au-delà, Olivier Schneider président de la FUB, une fédération non pas concurrente mais bien complémentaire.

Peut-être demain, autour de la même table nous aurons aussi les représentants de la FFVélo (anciennement la fédé du Cyclotourisme) qui sait? (je ne connais pas la relation entre FFcyclisme/FUB et FFvélo mais ce point mérite une petite enquête. Il n'y a probablement qu'en France qu'il y a 3 fédérations pour une seule pratique: FAIRE DU VÉLO).

Voici ce que nous avons retenu de cette journée, si vous vous demandez comment l'UCI résume ces deux jours? vous trouverez leur compte-rendu officiel ici, il est un peu plus consensuel que le notre! Peu importe, n'oubliez pas, comme me dit souvent mon copain Thomas: "ne t'occupe pas du chapeau de la gamine et pédale". Dis autrement, "Ride & smile".

Nous ne détaillons pas les discours tenus par les uns et les autres (vous n'aviez qu'à venir!!) mais si vous souhaitez des infos complémentaires, plus précises, laissez votre commentaire sur ce site et nous tenterons d'y répondre.

Pour finir, je tiens à remercier Christophe Najdovski, Emmanuel Samaniego, Margot Besson (ville de Paris) et Isabella (UCI) de nous avoir permis d'assister à cette journée. Merci, vraiment pour cette opportunité.

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