[Test] Coleen, un vélo électrique Made in France à l'aise dans ses basques?
[Test] Coleen, un vélo électrique Made in France à l'aise dans ses basques?

[Test] Coleen, un vélo électrique Made in France à l’aise dans ses basques?

(2.5/5)
"Un VAE Coleen pas taillé pour affronter des montagnes" d'infos

EDIT du 22/04/2021: Ce vélo a été testé à nouveau avec un article mis en ligne en avril 2021. Vous pouvez retrouver ici le compte-rendu à jour. Entre décembre 2020 et le printemps 2021 le vélo a été très sensiblement amélioré au niveau du logiciel d'assistance électrique. Aussi nous (Chez Weelz!) avons revu notre perception de ce vélo. Par souci de logique nous ne modifions pas la note donnée à ce vélo pendant ce test. Elle ne reflète cependant plus notre expérience vécue sur ce vélo en Avril 2021. Bref la rédaction de Weelz! vous invite à aller voir notre compte-rendu révisé. Tout se transforme disait Lavoisier.

Nous avions eu l'occasion de découvrir ce vélo au dessin particulier il y a un peu plus de 2 ans. C'était à l'occasion d'une présentation presse, entre autres choses. Une occasion aussi pour les deux fondateurs, Audrey et Thibaut, de dévoiler leurs intentions aux potentiels investisseurs, prêts à les suivre sur le chemin ardu du développement from scratch d'un vélo à assistance électrique. Vous pouvez retrouver ce que nous en disions à l'époque, dans ces mêmes colonnes. C'était en septembre 2018 ! Une paille en somme à l'échelle des évolutions, révolutions, de la mobilité active.

Conditions du test

Un Coleen en haut de la colline

Courant octobre, nous avons pu chevaucher ce vélo, pendant une journée complète. Une journée, ce n'est pas assez pour se faire une idée précise sur le vieillissement des composants par exemple ou la perte d'autonomie de la batterie ou le temps de chargement de celle-ci. Une journée reste grandement suffisant pour se faire une idée du comportement en dynamique du vélo et être capable de répondre aux principales questions, notamment, ce vélo sera-t-il un chouette compagnon de route, au quotidien ou tout du moins pour aller et venir dans la ville et plus si affinité.

Débauche de chrome et d'aluminium

Aussi, l'important quand on teste un vélo sur une période aussi courte, c'est d'avoir un joli itinéraire qui permet de pousser le vélo (et son pilote) dans ses retranchements. Ca tombe bien, Paris est entouré de collines pour qui sait aller les chercher. Pour vous faire une idée de mon parcours étalon, 40 kilomètres, 500m de D+, des côtes avec des passages à 12%, des pavés, des descentes glissantes avec des virages dans la forêt, de la longue ligne droite, de la circulation en ville, tout est au programme pour avoir une idée assez précise. Il faisait beau et quelques portions de routes dans la forêt étaient plus qu'humide.

Attention, freins mordants.

Le modèle testé

Opale est son petit nom. Comme la côte du nord de la France ou comme cette pierre aux propriétés étonnantes puisqu'elles changent de couleur en fonction de la lumière.

Ce modèle de test est un single speed, équipé d'une très bonne selle idéale, de poignées en cuir, de l'ensemble des équipements que nous sommes en droit d'attendre sur un vélo de ce calibre (garde-boues, éclairage avant (2) et arrière, porte-bagage spécifique, béquille), transmissions à courroie, pneus Schwalbe Big ben, pédalier Shimano Alfine, freins à disque hydraulique Tektro. Pédales faites maison, moteur au moyeu arrière, je pose donc mon séant sur un petit bijou, dont le prix catalogue démarre à 7,760€. Un petit bijou je vous dis (le vélo, pas mon séant, vous l'aurez compris).

23km/h, sans assistance. C'est qui qui a de bonnes cuisses ?

Tour de la machine en statique

Je passe sous-silence l'appréciation du dessin général du vélo, chacun.e se fera son idée avec ses photos. Ce qui est indiscutable (et non sujet aux goûts personnels) le soin apporté au montage et à la finition du vélo. Avec quelques détails malins ou appréciables, comme les durites aviations pour les gaines de freins, les leviers de freins dont l'espacement entre la poignée et le levier est réglable par une simple petite molette. Les grosses paluches ou les petites mimines y trouveront leur compte.

GPS, pour localiser le vélo, à défaut de vous dire où vous êtes

On peut aussi noter l'intégration et l'ergonomie de l'ensemble des éléments du poste de pilotage. Une molette élégante à tourner vers le haut, et le vélo se met sous tension. Une autre petite molette sous la main gauche toujours qui permet d'un coup de pouce de monter ou descendre le niveau d'assistance délivré (de 0 (pas d'assistance) à 4 qui est le mode Sport). L'écran (oui le vélo est connecté) simple, efficace est au-dessus de la potence. Du côté des détails toujours appréciables, la puissante lampe avant posée sur le garde-boue accompagné par un halo rond qui lui est intégré à la colonne de direction.

La courroie, une solution qui nous plait

C'est parti, presque

Le vélo est proposé en 3 tailles, je pars sur un vélo de taille Médium (donc la taille du milieu puisqu'il existe en taille S - M - L). Probablement pour mon mètre quatre-vingt-dix le L aurait été plus adapté mais très franchement je ne me suis absolument pas senti trop grand ou mal posé sur le vélo. Ce qui est plutôt un bon point d'ailleurs (un même vélo pourra être utilisé par plusieurs personnes dans la famille simplement en modifiant la hauteur de la selle).

Avant de me mettre en route, j'appaire mon téléphone avec la machine, l'opération se fait en quelques secondes, il faut juste connaître le code chiffré du vélo. Je reviendrais plus tard sur la connexion vélo/smartphone. Sachez tout de même que si le vélo est paramétré "libre", vous n'avez pas besoin de votre téléphone avec vous pour partir rouler.

Premiers tours de roue - en centre-ville

Un vélo bien fini.

Direction la banlieue parisienne. Je dois donc me faufiler dans les rues de la capitale. J'évite soigneusement les pistes temporaires ou mêmes les rues où il y a une bande cyclable. Je veux me confronter à la vraie vie, la cohabitation avec les autres usagers, qui reste tout de même la norme dans bien des centres-urbains de France. Le développement proposé sur Opale est parfait en ville. Facile pour les relances, pas trop souple pour ne pas se retrouver à mouliner comme Chris Froome pour avancer à bonne allure.

L'assistance réagit bien. Elle est disponible dès le premier quart de tour de pédales. Avec l'assistance en mode Sport, le vélo est réactif et son poids affirmé (et relatif. Affichant 18kg sur la balance, le Coleen est plutôt dans la tranche moyenne des vélos à assistance électrique modernes) se fait oublier. La position est bonne, l'équilibre du vélo aussi. Il se faufile, il braque, il prend de l'angle, un vrai plaisir dans les rues encombrées.

Un vrai plaisir tant qu'on a l'assistance à minima en puissance 3 ou 4. En-dessous, le vélo demande vraiment des efforts dans les jambes pour être relancé. Idem aux feux rouges, repartir se fait soit sur les chapeaux de roue en mode 3 ou 4. Il est plus exigeant en mode assistance 0, 1 ou 2. Un mot sur les freins? Efficaces semble correspondre à ce que j'ai pu sentir et tester. Efficaces signifie donc rassurants. Biens secondés par les pneus Schwalbe Big ben, qui n'ont pas été pris à défaut et qui assure le confort également (pas de suspension ni à l'avant ni à l'arrière).

Et quand il y a de l'espace ?

Boutons de niveau d'assistance à gauche. A droite, le bouton on/off. Derrière? une pelouse en repos hivernal)

Rapidement et sans efforts je me retrouve sur les quais de Seine qui vont m'amener au segment, juge de paix à Meudon, la côte bien nommée : La Muerte. En attendant, je suis sur les quais du côté d'Issy les Moulineaux. La longue ligne droite s'avale aisément, en jouant avec l'assistance, je tiens sans problème 29/30km/h, avec l'assistance au niveau 0 (de toutes façons l'assistance se coupe une fois les 26/27 km/h atteints, ce qui est acceptable légalement avec la marge d'erreur tolérée). Evidemment, atteindre cette vitesse en partant de l'arrêt, sans assistance, est jouable, il faut simplement accepter de pédaler en appuyant un peu, longtemps, sur les pédales). A noter qu'une fois lancé, le vélo offre une inertie intéressante. On passe aisément les petits faux plats montants dans cette configuration.

Et quand ça monte? La muerte, la bien nommée ?

La batterie n'est pas un lingot d'or.

C'est donc en confiance que j'aborde La Muerte. Longue d'1,4 km, 112 mètres de dénivelé avec un taux de pente moyen de +8% et des passages à 12%. Ca commence donc à être sérieux. Et là, patatra ! Avec une assistance à 0, c'est quasi immontable. Avec une assistance à 1 ou 2 ou 3, on monte mais au prix d'efforts déraisonnables (pour un vélo à assistance électrique), avec l'assistance en mode maximum, le vélo grimpe, tranquillement à 10km/h. On sent l'assistance présente, mais clairement il faut continuer à appuyer doucement sur les pédales. En me mettant en danseuse, je finis par dépasser les 12km/h et le moteur me donne la sensation de revivre. Je vais vivre les même sensations sur l'ensemble des côtes affrontées lors de mon test.

Tant que le pourcentage est raisonnable, la puissance de l'assistance est là. Dès que ça se corse, il faut réussir à maintenir une vitesse autour des 12km/h pour avoir de la puissance. En-dessous, il faut prendre son temps, accepter que le vélo n'avale pas la côte l'air de rien. Accepter de se muscler un peu les mollets et les jarrets. Faire un choix entre se préserver et monter sur un train de sénateur ou forcer.

Les descentes de mon parcours me démontrent que je suis sur un vélo sain. Même si pour accélérer il va falloir mouliner (la faute à un développement un peu court dans cette configuration). Je n'arrive pas à l'emmener au-delà des 47km/h. Est-ce bien grave ? non. Absolument pas. Je suis posé sur un vélo à usage urbain, je ne suis pas sur un vélo conçu pour monter et descendre le Galibier; quelle que soit la chaussée, le comportement du vélo n'est pas pris en défaut, même sur les pavés. Du grip, de l'équilibre, du confort (encore une fois ce, malgré l'absence de suspensions)

Il n'y a pas beaucoup de plastique sur un Coleen.

Coleen un vélo connecté?

Oui, il l'est. L'appli disponible sur l'Apple Store et le Play Store permet de communiquer avec le vélo. Les fonctionnalités restent tout de même très basiques pour l'instant. Possibilité d'activer ou désactiver la "mobile Key", d'activer l'allumage automatique des phares, d'enregistrer la position géographique du vélo et d'enregistrer les parcours effectués. En revanche, point d'affichage d'un guidage GPS par exemple sur l'écran ou aucune notifications de messages reçus sur le téléphone pendant qu'on pédale.

Pour tout vous avouer, je trouve cela dans le fond plutôt pas mal. Je me pose sur un vélo pour déconnecter, je ne suis probablement pas la norme. Et je me dis que beaucoup de futurs propriétaires aimeraient avoir toutes ces fonctionnalités disponibles, quitte a les paramétrer en refusant les notifications. Peut-être l'étape suivante sur les futurs Coleen.

Il était 14:10 quand j'ai pris cette photo. On peut rien vous cacher.

En conclusion

Un bilan mitigé de mon expérience avec le VAE Coleen. Il semblerait que ce vélo préfère les descendre que les monter (les collines). Evidemment il convient d'admettre que ce vélo est conçu pour un usage urbain et tout le monde n'ira pas chercher les côtes les plus ardues du coin. Ceci dit, pour reprendre mon exemple de Parisien, gravir la rue des Abbesses (que j'ai gravi le lendemain, pour valider mon ressenti) au quotidien, sans forcément être une expérience pénible sur un Coleen, la montée ne sera pas non plus une partie de plaisir. Aussi en discutant avec Thibault (le co-fondateur, associé à Audrey), le développement des vélos électriques Coleen se fait initialement sur les speedbikes, Coleen se positionne en alternative à la marque Suisse Strömer. Probablement que le moteur (maison) est configuré pour être très efficace en mode speedbike et montre ses limites lorsqu'il est bridé.

elles sont jolies quand même ces pédales.

Pour tout de même conclure sur des notes positives (il y en plein), je crois qu'il faut saluer le travail et le défi relevé par les équipes de Coleen. Créer un vélo à assistance électrique en partant d'une feuille blanche, en étant animé par des convictions, une vision. Coleen est l'un des rares fabricants à posséder son propre moteur maison, sa propre batterie maison, il y a bien Specialized, aussi, par exemple, Weelz! en causait la semaine dernière. Nous sommes plutôt convaincus que l'équipe sera capable d'améliorer constamment l'expérience de rouler sur un Coleen.

Aussi le positionnement de la marque n'est pas, enfin je ne crois pas, de proposer un énième vélo à assistance électrique sur le marché. Le souhait est bien de proposer un vélo avec une personnalité affichée, une expérience client différente. Et puis, saluons aussi le fait que l'entreprise soit française et qu'un vélo Coleen est une pièce artisanale, construite avec soin et un service après-vente annoncé haut de gamme.

Notre verdict final à lire ci-dessous.

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Notre verdict

[Test] Coleen, un vélo électrique Made in France à l'aise dans ses basques?
(2.5/5)

Difficile de donner plus que 2,5 sur ce vélo suite au test effectué. La promesse est intéressante, le vélo est beau*, bien fini, bien équipé, confortable. Coleen propose une expérience différente et audacieuse, notamment en proposant leur propre moteur. En revanche, dans cette version VAE, avec l’assistance limitée à 25km/h le moteur est clairement décevant, incapable de vous emmener en haut d’une côte sans fournir un effort conséquent sur les pédales.

A plus de 7,500€, les clients sont en droit d’avoir le choix sur la façon dont ils gravissent les bosses du parcours. Evidemment, Coleen ne se positionne pas en face des propositions grands publics de vélos à assistance électriques que l’on voit fleurir dans les rues de France. Finalement Coleen propose peut-être un speed-bike formidable, véhicule que nous n’avons pas souhaité essayer parce qu’en France, un speedbike est assimilé à un véhicule motorisé. Il n’a donc pas sa place sur les pistes cyclables et autres aménagements dédiés.

La version VAE nous a laissé sur notre faim, même si, plus souvent que d’habitude nous avons eu le droit à des « oh il est beau votre vélo »! Faut-il choisir aujourd’hui entre rouler sur un beau VAE ou un bon VAE ? Il nous semble chez Weelz! que le bon et le beau peuvent cohabiter. *Beau reste subjectif, il reste indéniable qu’il est bien fini et que les détails visuels et techniques sont intéressants.

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