Rustines, l'histoire fascinante d'un petit bout de caoutchouc
Rustines, l'histoire fascinante d'un petit bout de caoutchouc

Rustines, l’histoire fascinante d’un petit bout de caoutchouc

Vous pouvez tous crever !

Article publié le mardi 29 janvier 2019 à 11h05 et mis à jour le lundi 13 avril 2020 à 14h48.

Elle est celle que l'on aimerait ne jamais rencontrer. Celle qui ne tombe jamais au bon moment. Celle qui vous met parfois les nerfs en pelote... Non, je ne veux pas parler de votre belle-mère (quoi que), mais de la crevaison.

Un événement aussi irritant qu'inopiné, même si parfois il faut bien dire qu'on le cherche un petit peu… (non, vous n'auriez pas dû passer par ce chemin rempli de ronces... Oui, vous saviez que derrière la gare, le sol était plein de bouts de verre…).

Un incident de parcours ennuyeux et agaçant, qui vous laisse trois choix : marcher, remplacer complètement la chambre à air, ou bien, la réparer sur place. Dans ce dernier cas, il faut que vous le sachiez, vous devez votre salut à un seul homme…

Louis Désiré Auguste Rustin

Louis Rustin, pour faire plus court, est en effet à l'origine du petit morceau de caoutchouc qui vient tout juste de vous sauver la mise.

Retour au début du XXe siècle. La révolution industrielle. Une autre invention magnifique est de plus en plus tendance parmi les classes moyennes : la bicyclette.

C'est en 1903 qu'un certain Louis Rustin, coureur cycliste amateur, va profiter de l'engouement pour cette Petite Reine en ouvrant, avec son associé Jean Larroque, une boutique de réparation de pneumatiques, au cœur du 17e arrondissement de Paris, rue Truffaut, quartier des Batignolles.

Le rechapage, à l'époque, était loin de ne prendre que quelques minutes. Il s’effectuait avec une bande de cuir qu'il fallait encoller sur le caoutchouc du pneu.

Louis Rustin, en pratiquant cycliste régulier, est régulièrement confronté aux crevaisons, provoquées autant par la qualité moyenne des carcasses de l'époque que par le mauvais état des routes.

Paul Doumenjou

Si tel Velcro ou Frigidaire, la grande Histoire n'aura retenu que le nom, féminisé, de Rustine, la petite histoire, elle, pourra retenir celle de Paul Doumenjou.

Ingénieur-chimiste de formation, il n'est autre que l'inventeur véritable du petit bout de caoutchouc. Toutefois, n'ayant pas les moyens d'industrialiser le procédé, il se met en relation avec l'entrepreneur Louis Rustin.

Celui-ci, avec l'accord de Paul Doumenjou, déposa alors le brevet, à son nom, d'un "dispositif pour éviter les éclatements des pneumatiques pour tous les véhicules" (Brevet français n° 397 424 déposé le 15/12/1908).

Cependant, Paul Doumenjou restera un homme clé de la société Rustin SA, dont il est nommé Directeur Général, lorsqu'elle s'installe à Clichy en 1908.

Vulcanisation à froid

La compagnie va continuer d'améliorer son invention. Malheureusement en 1914 éclate la première guerre mondiale. Louis Rustin, comme de nombreux hommes, est mobilisé.

Par chance, il survivra et reviendra aux affaires au sortir de la guerre. Et c'est finalement en 1922 que le procédé définitif est trouvé : la vulcanisation à froid.

En collant une pièce en caoutchouc sur le pneu avec une colle spéciale, une réaction chimique se déclenche entre la colle et le caoutchouc, assurant une liaison étanche.

Entrée dans le langage courant

En 1934, le fabricant français déménage son site de production en Sarthe (Usine de Crousilles, La Chartre sur Le Loir), dans une ancienne filature de coton en bord de rivière (la production de caoutchouc consomme beaucoup d'eau).

La suite, c'est l'entrée dans l'histoire de ce petit bout de caoutchouc, qui va faire le tour du monde et qui va entrer dans le langage courant. Désormais, peu importe son fabricant, une rustine est une rustine (le mot est même utilisé pour désigner une correction rapide, comme en informatique).

La compagnie Rustin SA existe toujours. Un certain Louis Rustin est d'ailleurs toujours à sa tête (le quatrième du nom). Toutefois, le chiffre d'affaires généré par la rustine est anecdotique (moins de 1%). Depuis 1972, l'entreprise s'est spécialisée dans la maîtrise de l'étanchéité du caoutchouc à destination d'autres types de moyen de transport : voiture, train, tram, métro...

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