Prime conversion : vous allez (enfin) pouvoir remplacer votre voiture par un vélo

"Pourquoi n'existe-t-il pas une prime au report modal ?" nous interrogions-nous déjà en 2019, ne comprenant pas l'entêtement du Gouvernement à forcer les citoyens français à remplacer une voiture par une autre voiture. Signe des temps, les choses ont changé et les mentalités ont basculé vers une mobilité à la fois active et plus raisonnée. Un boom du vélo grandement aidé par une crise sanitaire qui a rebattu les cartes de nos déplacements. Nous faisant gagner au passage une décennie de politique cyclable en quelques mois. Et désormais, avec la prime conversion, il sera possible de remplacer une voiture polluante par un vélo. Un "vrai" bonus écologique.

Prime conversion et vélo, amendement Titre III

En séance publique, les députés ont voté le titre III - "Se déplacer" - dans le cadre du projet de loi Climat et résilience. Dans cette section du projet de loi, on retrouve un amendement, adopté à l'unanimité par l'hémicycle de l'Assemblée Nationale samedi dernier. On le doit au député français des Bouches-du-Rhône Jean-Marc Zulesi (qui avait déjà officié lors du projet de loi d'orientation des Mobilités). Celui-ci demandait la modification de l'article 73 de la loi n° 2019-1428 du 24 décembre 2019 pour l'acquisition de véhicules propres, ainsi que l'article L. 251-1 du code de l'énergie, pour y ajouter le texte suivant :

"Sont instituées des aides à l’acquisition de véhicules propres, y compris des cycles et des cycles à pédalage assisté."

Quelques mots qui constituent une véritable révolution pour la mobilité. Désormais, le remplacement d'un véhicule polluant vous octroi le droit à une prime à la conversion, qui pourra servir à l'achat d'un vélo. Et chose encore plus incroyable, c'est que le texte précise que ce vélo n'a pas nécessairement besoin d'avoir une assistance électrique (d'où le distinguo dans le texte entre "cycles" et "cycles à pédalage assisté").

Mesure hautement symbolique

Interrogé par le journal Libération, Olivier Schneider, président de la FUB, parle d'une mesure "hautement symbolique". Grâce à ce texte, l'objectif est bien de diminuer le volume du parc automobile français. Et dans un pays avec une industrie automobile aussi importante, c'est historique. La Ministre de la Transition Barbara Pompili indique que "Les transports sont le premier poste des émissions de gaz à effet de serre de notre pays. A ce constat s’ajoute également un enjeu de santé publique, puisque la pollution de l’air est responsable de la mort de 48 000 Français chaque année.".

Pour nous, la mise au rebut d'un véhicule polluant et son remplacement par un vélo revêt d'autres aspects : au-delà de la lutte contre la pollution atmosphérique, il s'agit de lutter contre la pollution sonore et visuelle qu'engendrent les véhicules motorisés, de regagner de l'espace public, cannibalisé par les automobilistes, de remettre les français en selle pour lutter contre la sédentarité. En cela, cette nouvelle prime à la conversion demeure une excellente nouvelle, qui met les français face à un vrai choix de mobilité et une possibilité de report modal.

Pour tempérer légèrement le propos, notez que le Gouvernement n'a pas encore statué sur les montants exacts. Si à l'origine, la prime à la conversion vous permet de bénéficier jusqu'à 3000 € pour l'achat d'une voiture thermique (en neuf ou occasion), jusqu'à 5000 € pour l'achat d'une voiture électrique et jusqu'à 1100€ pour l'achat d'un deux-roues motorisé électrique. On ne sait donc pas encore à combien un aspirant cycliste aura le droit. Cette prime sera probablement différenciée en fonction du type de vélo acheté - vélo classique "musculaire", vélo classique électrique ou encore vélo cargo. Ce dernier sera certainement celui qui bénéficiera d'un montant plus haut, d'autant qu'il remplace aisément une voiture pour le quotidien.

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