[Interview] Rue de l'avenir, pour une vie en ville plus apaisée
[Interview] Rue de l'avenir, pour une vie en ville plus apaisée

[Interview] Rue de l’avenir, pour une vie en ville plus apaisée

Article publié le mardi 19 février 2013 à 07h00 et mis à jour à 07h01.

rue-de-l-avenir Sur Weelz on a l'habitude de combiner deux mots l'un avec l'autre : vélo et ville. Deux sujets qui pour nous sont devenus parfaitement compatibles, signe que les mentalités évoluent et que l'on peut désormais espérer rouler en sécurité à vélo dans nos rues.

L'association Rue de l'Avenir reprend ces deux sujets, mais les englobe d'une manière beaucoup plus généraliste dans un vaste ensemble où s'entre-mêle automobilistes, cyclistes et piétons au cœur de l'agglomération moderne, car là est bien toute la problématique du partage de l'espace urbain.

Nous avons voulu en savoir un peu plus sur ce collectif qui partage au final beaucoup de nos convictions. L'un de ses membres fondateurs, Gilbert Lieutier, a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions. Avant de s'occuper de cette asso, Gilbert était chef de projet en déplacements urbains au CETE méditerranée (Centre d’Études Techniques de l’Équipement) à Aix en Provence.

"Notre champ d'action c'est la Ville, dans toute sa complexité et la vie qui va avec"

Weelz : Quels sont les objectifs de votre association et quel est son champ d'action ?
Gilbert Lieutier, Rue de l'Avenir : Notre "accroche" officielle est: "pour une ville plus sûre et plus agréable à vivre". Pour être plus précis, au delà de la sécurité qui doit être l'objectif n°1 (pour tout le monde) nous sommes sensibles à la qualité des espaces publics qui sont le corps partagé par tous de la ville, et à une mobilité pour tous, sans exclusion, assurée dans l'équilibre et dans la liberté (liberté réelle de nos modes de déplacements) Notre champ d'action c'est la Ville, dans toute sa complexité et la vie qui va avec.

code-de-la-rue W : Vous avez publié un ouvrage intitulé "La rue dans le code de la route". Que contient t-il en substance ?
GL : Cet ouvrage, publié d'abord par nous même puis réédité avec le GART¹, apporte un éclairage net sur ce qui fait la différence entre la rue et la route, et que le code de la route jusqu'alors avait grandement escamoté. Il présente donc les avancées résultant des travaux de la démarche "code de la rue", puis un "mode d'emploi" de la ville selon que l'on est piétons, cycliste ou conducteur de véhicule motorisé (circulation et stationnement).

W : La rue est pour vous un espace de vie. Quels ont été les principaux changements constatés depuis une dizaine d'année ? (fin du tout-auto, évolution des mentalités, infrastructures...etc)
GL : Il serait effronté de parler de fin du tout auto ! Mesurer l'évolution des mentalités serait sans doute un exercice difficile... Enfin, au moins pour la région où je vis, l'évolution dans la conception et l'exploitation des infrastructures n'est pas réellement faite.

4123649583_e108d04968_zCe qui est indiscutable, c'est le constat de certains faits: la réalité de la démarche "code de la rue", la réalité des avancées faites par certaines villes, l'écho des colloques que Rue de l'Avenir a organisé depuis 3ans (Montreuil, Arles, Bordeaux), et pour finir l'écho de la conférence de presse tenue le 8 février au sujet de l'initiative citoyenne européenne en faveur du 30 comme vitesse de référence en ville
Je considère comme important le fait que les avancées faites par certaines villes constituent des points d'appui pour les autres villes françaises plus praticables que les traditionnels exemples suisses, danois ou suédois !

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Parking vélo à l'université de Strasbourg

W : Citeriez-vous une ville à prendre en exemple aujourd'hui, qui aurait réussi une bonne reconversion vers les déplacements actifs ? (et au contraire une ville mauvaise élève ?)
GL : Nous connaissons tous des villes comme Strasbourg, Chambéry... Lyon et Bordeaux ont progressé sur certains aspects, Nantes vient de publier des résultats qui montrent que l'usage de l'auto est passé sous les 50% tandis que le vélo est passé de 2 à 4%.

Mais on est quand même loin des bons exemples allemands ou suisses ou même de certaines villes italiennes³, avec du vélo au dessus de 15% et de l'auto sous les 40%.
Les mauvais élèves ? On ne va pas citer de noms, mais dans ma région² elles sentent bon l'air marin...

205281057_26b724a6a2_zW : Concernant la pratique du vélo en ville, qui est le sujet qui nous intéresse, constatez-vous autant que nous une nette progression du nombre de cyclistes urbains ?
GL : Oui! il y a même des taux d'usage qui doublent; de 2 à 4% comme à Nantes. Mais on reste partout sauf à Strasbourg dans la marginalité qui est,selon moi, le principal facteur d'insécurité objective pour les cyclistes en même temps que l'autre cause tout aussi objective du sentiment d'insécurité attaché à ce mode, même et surtout pour ceux qui n'ont jamais posé leur... fesse sur une selle.

Propos recueilli le 12 février 2013.

logo-petition-ville-30Pour aller plus loin, sachez que l'asso Rue de l'Avenir soutient l'initiative Ville 30, une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) qui souhaite instaurer une vitesse maximum fixée à 30km/h dans les cœurs de ville. Ce mouvement est soutenu par 7 pays européens et une pétition est à signer sur le site Fr.30kmh.eu.

> Rue de l'Avenir.

¹ GART : Groupement des Autorités Responsables de Transport.
² Il habite la région PACA...
³ Gilbert Lieutier avait publié un document datant de 2008 sur la bonne gestion du trafic dans certaines villes moyennes italiennes.

Crédits photos : Guillaume Lemoine, Jurvetson, Je suis ecomobile, Jean-louis Zimmermann.

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