Indemnité kilométrique vélo, obligatoire pour 2018 ?
Indemnité kilométrique vélo, obligatoire pour 2018 ?

Indemnité kilométrique vélo, obligatoire pour 2018 ?

En 2015, nous avions suivi avec intérêt l'actualité de cette mesure emblématique du gouvernement pour favoriser le déplacement à vélo : l'indemnité kilométrique vélo (ou IKV). Elle avait fait couler beaucoup d'encre numérique, de son adoption par le parlement, sa validation au conseil constitutionnel jusqu'à la publication finale du décret.

Malheureusement, entre tout ces allers-retours politico-administratifs, s'est passé un revirement de situation inattendu et plutôt fâcheux : cette fameuse IKV devenait facultative.

Retour en grâce en 2018 ?

Suite à la clôture des Assises de la Mobilité, et suite à l'annonce faites par le ministre des Transports, madame Elisabeth Borne d'un "plan vélo national", c'est le député LREM Matthieu Orphelin, avec l'aide de plusieurs associations et ONG¹, qui a remis ce mercredi une note à la ministre pour rendre enfin obligatoire cette IKV.

Aujourd'hui, seules 85 entreprises (sociétés ou collectivités) l'ont mise en place pour leurs salariés. Une goutte d'eau dans un océan. Cela représente 150 000 employés, soit 0,5% des actifs.

1,4 million de salariés cyclistes en 2022

Pour ses défenseurs, "Les coûts de sa généralisation seront très limités pour les entreprises comme pour les trois fonctions publiques", car les bénéfices qu'elle apporte sont supérieurs aux dépenses engendrées.

En plus de favoriser la productivité du salarié (réduction des absences: -15% arrêts maladie pour un salarié cycliste), la mise en place de cette IKV au niveau national permettrait de doubler la part modale du vélo. Cela aurait un impact direct sur les comptes de la sécurité sociale. Le rapport parle de 29M€ d'économie par an. Le vélo reste en effet un outil formidable pour la lutte contre la sédentarité et le manque d'activité physique. Il aurait un impact immédiat et direct sur les "actifs inactifs".

"Nous proposons la généralisation de l’IKV en la rendant obligatoire pour tous les employeurs en moins de 4 ans, pour atteindre l’objectif de 1,4 million de salariés cyclistes en 2022, contre moins de 700 000 aujourd’hui."

Combien ça coûte ?

Même dans les hypothèses de mise en place les plus ambitieuses, le rapport est clair : Pour les employeurs (privés et publics), le coût serait de seulement 23€ par salarié et par an. Pour cela, il faudra toutefois que le plafond de l'indemnité soit relevé à 35€/mois et qu'elle soit cumulable avec le remboursement de l'abonnement transports en commun.

En plus de l'énorme gain qu'apporte la mesure à la Sécurité Sociale (29M€), celle-ci va aussi permettre d'abaisser drastiquement le nombre d'automobiles dans les rues et, par conséquent, réduire son impact négatif (pollution, bruit, accidentologie...). Le rapport évoque un gain de 37M€. Pour rappel, les frais réels de déplacement automobile des salariés "coûte 50 à 100 fois plus cher à l’Etat (2Mds€)".

Au global, on obtient plus d'actifs en bonne santé et moins de congestion au sein des villes, et tout ce qui découle de cela n'est que bénéfique, tant en termes économiques, écologiques que de santé publique.

Se tromperait-on de combat ?

 

Si on ne peut que saluer le travail de Mathieu Orphelin et de son groupe de travail, qui reste un excellent signe de reconnaissance du vélo comme un véritable moyen de transport (ce pourquoi nous nous battons depuis bientôt 10 ans) il faut également se poser la question sur ce que veulent réellement les cyclistes aujourd'hui ?

Et si l'on en croit les récents résultats du baromètre vélo réalisé par la FUB (qui a participé à cette note IKV), la première chose qu'ils souhaitent n'est pas d'ordre pécuniaire mais plutôt sécuritaire: 41% estiment qu'ils ne se sentent pas assez en sécurité à vélo, et 80% d'entre-eux souhaiteraient la mise en place d’infrastructures séparées du trafic motorisé.

Ces infrastructures nécessitent un investissement conséquent. Or, et on a pu le voir dans de nombreuses villes en France ou ailleurs (voir l'exemple de Grenoble avec ChronoVélo), un bon réseau cyclable fait immédiatement augmenter le nombre de cyclistes dans les rues. Vous connaissez l'adage comme nous : "Construisez-les et ils viendront".

Que doit-on favoriser ? Une mesure fiscale pas nécessairement très populaire, surtout au niveau des employeurs, et qui, de surcroît, va être difficilement contrôlable. Ou bien le lancement d'une grande campagne de réfection du réseau routier, pour prendre enfin en compte les modes actifs de déplacement ? La question est posée... (une opinion que partage d'ailleurs Olivier Razemon).

Et vous, pour ou contre cette indemnité kilométrique vélo ?

¹ Les contributeurs de ce rapport sont : Matthieu Orphelin – Député du Maine-et-Loire, Mathieu Chassignet – Chef de projet Ecobonus Mobilité à la Métropole Européenne de Lille, Marie Chéron – Responsable Mobilité à la Fondation pour la Nature et l’Homme, Yoann Rouillac – Président du groupe de travail vélo de La Fabrique Ecologique, Olivier Schneider – Président de la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette, Claire Schreiber et Véronique Michaud – Club des Villes et Territoires Cyclables et Eric Vidalenc.

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