Enfants et vélo, nos 7 conseils pour qu'ils aiment pédaler
Enfants et vélo, nos 7 conseils pour qu'ils aiment pédaler

Enfants et vélo, nos 7 conseils pour qu’ils aiment pédaler

Article publié le mercredi 05 mai 2021 à 07h08 et mis à jour le jeudi 06 mai 2021 à 10h31.

Nous en parlions il y a quelques jours, "Savoir rouler", c'est l'un des aspects du programme gouvernemental pour faire de la France une nation vélo. Peut-être faites-vous partie de cette frange de la population qui n'a pas envie d'attendre une hypothétique formation à l'école de votre bambin pour qu'il s'y mette. Peut-être avez-vous eu la chance d'apprendre à faire du vélo avec un parent, un ainé, sans que le gouvernement ne vienne y mettre son nez.

Peut-être avez-vous envie de transmettre. Peut-être vous vous dites que l'enfant, c'est l'avenir. Et que l'avenir, il sera quand même plus joli avec des vélos dans le paysage (et des personnes dessus). Voici nos 7 conseils, pas si bêtes, pour donner le goût du vélo à vos gros. Des conseils universels, peu importe l'âge de votre enfant, peu importe l'environnement public dans lequel il évolue. Aussi, si vous avez envie d'écouter un spécialiste du vélo avec les enfants, nous recevrons Cyril au micro de Rayons libres l'émission sera en ligne est . (edit: l'émission n'est pas encore en ligne).

1/ Le choix du vélo. On s'en fout, ou presque

La draisienne (à trois ou deux roues) reste le meilleur moyen pour découvrir les premières sensations du vélo

Bien sûr, nous souhaitons tous le meilleur pour nos enfants. Spontanément, on imagine qu'il est intelligent de courir chez son vélociste pour trouver le beau vélo qui sera parfait pour son chérubin. Nous pensons qu'en fait, le choix du vélo est presque accessoire. Evidemment ce sera mieux un vélo à la taille, ou à peu près, de votre enfant. Le problème c'est qu'un enfant grandit (c'est le propre même de l'enfant). Ca veut donc dire que le vélo acheté au mois de mai sera peut-être trop petit en septembre. L'erreur est d'anticiper la taille future de l'enfant en Septembre. Alors qu'un vélo un peu trop petit, pour se mettre au vélo, est dans les faits pas si grave, c'est même mieux.

"L'erreur est d'anticiper la taille de l'enfant"

On veut lui donner le goût de pédaler. L'envie de traverser l'Europe viendra plus tard. Un vélo à la taille de votre enfant, qui sera un peu petit dans 6 mois, vous serez le seul à vous en rendre compte. Ce vélo à sa taille en mai sera parfait pour votre petit. Les freins seront accessibles, la selle pas trop haute, le vélo maniable. Ne vous posez pas 200 questions sur le développement, les vitesses, le choix des freins. Faites simple. Faites le tour de la famille, des amis, il y a forcément dans votre entourage un vélo adapté qui dort dans un garage. S'il n'y a pas, les sites de petites annonces, les associations, les vides greniers, les foires aux vélos regorgent de pépites. Faites le réviser, pour qu'il roule bien et en sécurité. Et si le vélo que vous récupérez n'est pas tout à fait au goût de votre enfant, accessoirisez-le avec un élément que votre enfant aura choisi. Une sonnette, un porte-bidon avec son bidon, un panier... Soudain l'attention de l'enfant se portera sur cet accessoire devenu essentiel.

2/ Oubliez ce que vous connaissez

"Laissez-le expérimenter par lui-même"

Vous, vous savez qu'elle est la bonne hauteur de selle, quelle est la bonne vitesse à choisir, quelle est la bonne position des pieds sur les pédales. Vous, vous savez. Et votre enfant n'est pas vous. Laissez-le expérimenter par lui-même. Acceptez qu'il préfère une selle un peu basse (c'est rassurant il/elle aura les deux pieds bien posés au sol). Acceptez qu'il ne cherche pas le meilleur pignon sur la cassette arrière (si le vélo a plusieurs vitesses). Préférez le laisser mouliner plutôt que forcer sur les pédales. S'il a chaud, ne le forcez pas à porter un blouson. Ecoutez-le. En fait, faites lui confiance et montrez lui que vous lui faites confiance.

3/ N'oubliez pas ce que vous savez

Une fois qu'ils y prennent gout, ça peut donner ça... (Vélo : Frog Bikes 70)

"Les enfants sont incroyables. Ils sont increvables"

Et oui, heureusement, vos années et vos kilomètres cumulés vont vous servir. Pensez à tout. Pour votre enfant. Prenez donc cette bonne dose de charge mentale sur vos épaules. Que vous sortiez pour 5 minutes ou une demi-journée. Pensez à prendre à boire, de l'eau ça fonctionne bien. Pensez à prendre à manger. Anticipez la météo qui pourrait changer.

Quand il/elle apprend : pensez à une tenue confortable. Jogging plutôt que jean ou petite robe. Baskets plutôt que sandales (ou pire tongs). L'enfant va certainement tomber et ce n'est pas grave. Ces genoux seront mieux protégés avec un pantalon qu'une tenue courte. Les enfants sont incroyables. Ils sont increvables. D'un autre côté, la gestion de leurs ressources naturelles est absolument catastrophique. Entre leurs envies pressantes et leurs fringales, vous êtes là pour assurer la logistique. Vous êtes leur porteur d'eau. Bien entendu, quand il vous dit "j'ai soif", pas la peine de lui dire "je te l'avais bien dit"... simplement tendez le bidon et ne le rationnez pas.

4/ Le choix de la destination

Est primordial. Le mieux ? Ne pas en avoir. Comme vous quand vous aviez leur âge, votre enfant sera capable de passer 500 fois dans la même flaque d'eau sans se lasser, passer 400 fois sur la petite bosse avec l'impression à chaque fois de découvrir une nouvelle sensation. Si les enfants adorent autant les manèges qui tournent en rond, ce n'est pas un hasard. Je suis moi-même toujours surpris par leur capacité à s'émerveiller dans la répétition, dans le fait de tourner plus ou moins en rond.

"Ne pas avoir de destination formelle n'empêche pas d'avoir un prétexte"

Un lieu qui pour vous, avec vos yeux d'adulte sera insignifiant, ce lieu, sera pour votre enfant, la plus excitante des trouvailles. Si vous aviez une destination en tête, le temps passé à tourner en rond vous agacera. Si vous n'aviez pas de destination en tête, acceptez de le laisser expérimenter. Ne pas avoir de destination formelle n'empêche pas d'avoir un prétexte. Trouvez juste un prétexte qui plaira à votre lardon. Allez manger une glace, trouver un livre, voir un arbre,... trouvez un truc qui le motive. Et pourquoi pas une flaque d'eau ?! (Ndlr : Le Geocaching fonctionne bien).

5/ Se déplacer dans un premier temps, sans pression de l’heure d’arrivée à destination

Vous : "Super, je t'emmène chez le dentiste à vélo, on va s'éclater ça va être super".
Lui : "Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa"

Ce conseil rejoint sensiblement le point 3/ évoqué ci-dessus. Non, vous ne donnerez pas le goût du vélo à votre enfant en le posant dessus pour la deuxième fois en lui annonçant tout guilleret "super, je t'emmène chez le dentiste à vélo, on va s'éclater ça va être super". Votre enfant fera l'association d'idées. Vélo = dentiste (1)= c'est nul = je ne veux pas pédaler. Aussi avoir un rendez-vous impératif est le meilleur moyen de dégoûter votre enfant du vélo. Assurément vous prendrez un peu de marge, malgré cela, il y a fort à parier que les aléas du trajet (les "j'ai soif", "oh, une flaque d'eau attends") arriveront. Aussi quand vous aurez l'œil rivé sur votre montre, vous mettrez une pression sur votre enfant. "Dépêche-toi" "on va être en retard" "tu boiras plus tard", autant de bonnes raisons de stresser le fruit de vos entrailles et incidemment de le dégoûter du vélo.

Respecter son rythme est probablement le meilleur conseil que nous puissions vous donner. Une petite digression. L'autre jour, j'emmenais un groupe de Raymond. Nous tentions de rouler en peloton, l'un d'entre nous, Bob (2) n'y arrivait pas. D'une part il était cuit, d'autre part il n'arrivait pas à accorder sa confiance au groupe. La peur de trop coller à celui de devant et donc de ne pouvoir réagir à temps si un coup de frein arrivait. Ce n'était pas un problème de vitesse mais bien de confiance.

L'un des membres du peloton, Morane (2) croyant bien faire s'est mis devant lui, tranquillement, en l'enjoignant de se coller à sa roue, entre 15cm et 1mètre. Pas plus, pas moins. Tous les 100m, il gueulait (pour se faire entendre), "RAPPROCHE-TOI". J'étais moi à côté de Bob et lui parlait doucement. Pour le rassurer, lui montrer, l'encourager. L'un (Morane) gueulait, l'autre (moi) rassurait. Morane, le gueulard, en fin de sortie, une fois arrivés à bon port explique "De toutes façons le vélo est un sport de gueulards". C'est vrai. On gueule entre nous, entre aguerris pour se faire entendre et pour des questions de sécurité. Bob n'est pas encore un cycliste, un vrai Raymond, il n'est pas aguerri. il n'a donc pas envie de se faire gueuler dessus. Votre enfant dans l'histoire, c'est Bob. Rassurez-le, encouragez-le mais ne gueulez pas sur lui. Cela m'amène au point ci-dessous. Une habile transition !

6/ Quand vous roulez avec lui, restez derrière lui…

Et prenez votre place sur la route (ou la piste cyclable, comme ici à Toulouse)

Quel que soit l'environnement dans lequel vous évoluez, votre place est derrière l'enfant, ou juste à côté de lui, en léger retrait. Si vous êtes sur la route, vous serez aussi en léger décalage. L'enfant tiendra sa droite (mais pas trop s'il y a des voitures garées, gare à l'emportiérage), vous serez décalés sur la gauche de 50cm à un mètre. Si un chauffeur derrière vous s'impatiente parce que vous prenez trop de place, un petit geste de la main, pour lui faire comprendre que vous savez qu'il est derrière vous et vous le remerciez chaleureusement pour sa patience.

Etre derrière vous permet d'ajuster rapidement et aisément votre distance par rapport à lui et le cas échéant vous mettre à son niveau pour anticiper un carrefour, un point dangereux, un croisement avec d'autres usagers. Aussi, même dans les sous-bois, être derrière, permettra à votre enfant de rouler à son rythme et non pas au votre. Etre derrière lui vous permettra d'assurer sa sécurité et de voir pour lui ce qu'il ne voit pas. Etre à côté de lui vous transformera en ce couple légendaire, Bob Morane. Vous serez parés, contre tout chacal.

7/ Montrez l'exemple

"Plus vous vous déplacerez à vélo, plus vous lui raconterez ces moments formidables que vous passez sur votre vélo"

Freud, Dolto, tout ça. Ca vous cause ? La construction de l'enfant se fait sur le mimétisme des référents. Les référents sont souvent les parents, les personnes plus âgées que l'enfant aime et côtoie au quotidien. C'est donc souvent vous, le parent, ce référent (et si vous n'êtes pas le parent mais que vous en avez la garde, c'est pareil pour lui, il se construira sur le modèle que vous lui donnez). Plus vous vous déplacerez à vélo, plus vous lui raconterez ces moments formidables que vous passez sur votre vélo, plus l'enfant aura envie, lui aussi de vivre la même expérience. Plus vous pesterez en arrivant le soir sur l'ensemble des petites (ou grosses) galères que vous avez eu pendant vos déplacements à vélo, moins il aura envie de s'y mettre.

En résumé, montrez lui l'exemple, soyez positifs, simplifiez-vous (et lui) la vie, faites de ses moments à vélo d'abord un moment extraordinaire puis une routine joyeuse. Enfin, faites-lui confiance. Facile.

(1): j'anticipe ici un message outré de l'UFSBD - nous n'avons rien contre les dentistes, c'est une belle profession, leurs vélos nous font souvent rêver. Ne dit-on pas "Ouahou, ce vélo de dentiste !" (les yeux remplis d'admiration). Simplement avouez qu'il est rare qu'un enfant aille chez le dentiste le cœur léger, même à vélo.

(2): les prénoms n'ont pas été changé. Ma vie est une chanson.

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