[Jour sans vélo] Épisode II – Ces ateliers vélo qui restent ouverts
[Jour sans vélo] Épisode II – Ces ateliers vélo qui restent ouverts

[Jour sans vélo] Épisode II – Ces ateliers vélo qui restent ouverts

Article publié le lundi 23 mars 2020 à 10h18 et mis à jour à 12h19.

Depuis l'annonce du confinement, Weelz.fr reste à vos côtés pour tenter de vous changer les idées et surtout de pouvoir continuer à parler vélo tous ensemble. Bienvenue dans notre série "Jour sans vélo". Voici l'épisode II.

Dans le contexte particulier que nous vivons actuellement, les commerces de produits non essentiels maintiennent leurs portes closes pour le moment. Parmi ceux autorisés à rester ouverts figure, nous vous le disions précédemment, les magasins de vélo. Un signe supplémentaire que le vélo est désormais pris au sérieux et considéré comme un mode de transport à part entière.

Evidemment, il ne s'agit pas d'aller flâner en boutique physique pour trouver la monture de vos rêves (de toutes façons, à l'heure actuelle, vous n'en avez pas le droit). Si les magasins vélo restent ouverts, c'est au même titre que les supermarchés ou les stations d'essence : apporter un service à la population qui en a besoin.

En l'occurrence, certains vélocistes (pas tous) ont souhaité maintenir leur service atelier, afin d'être en mesure de dépanner ceux qui doivent encore se déplacer pour aller travailler. Nous pensons bien évidemment au personnel médical et hospitalier, mais également aux ouvriers, hôtes de caisse, chauffeurs-livreurs, caristes, techniciens des réseaux d'eau potable ou électrique, enseignants et personnels des écoles réquisitionnés et nous en oublions sûrement d'autres.

Comme le rappelait la FUB, "la bicyclette permet par exemple aux soignantes et aux soignants de respecter leur distanciation en leur évitant les transports en commun, tout en effectuant une activité physique minimale bénéfique autant à leur santé mentale que physique".

Nous avons pu interviewer à distance Julie, aka @aupresdemaselle sur Twitter, qui officie dans l'un des magasins parisiens du réseau Cyclable. Écoutons son témoignage.

Weelz.fr : Pourquoi ce choix de laisser le magasin/atelier ouvert (malgré le risque sanitaire) ?

Julie : Pour commencer, je vais te donner la politique du Réseau Cyclable. Ici sur Paris intra-muros nous avons 7 magasins. Depuis ce lundi, 3 magasins fonctionnent, uniquement sur RDV avec priorité aux personnels de secours et de santé. Nous sommes tous volontaires. Nous pouvons à tout moment contacter notre direction pour faire annuler ce volontariat.

D'autre part, nous ne travaillons pas tous les jours. Par exemple, moi j'ai travaillé mardi et aujourd'hui, ensuite je suis en chômage technique jusqu'à mardi prochain. Chômage technique pris en charge par l'État.

Moi j'ai fais le choix de bosser pour permettre à d'autres collègues de rester avec leurs proches. Je suis jeune, en bonne santé, je vis seule, je n'ai pas trop de contacts avec d'autres, je suis moins à risques.

C'est aussi par militantisme social. Mon papa est retraité de la gendarmerie, il m'a transmis le sens du service, donc si je peux faire ça avec les petits moyens que j'ai, c'est déjà bien.

Weelz.fr : Comment imagines-tu le "après" ?

Julie : Concernant l'après… Je suis convaincue que cette crise va tous nous amener à changer de comportement. Le confinement oblige à du minimalisme. Les gens vont se rendre compte de l'importance des choses.

Quels métiers sont importants ? Quels choix de consommation et de déplacement/mobilité sont importants ? Quels services sont importants ?

Même la façon d'envisager le travail l'est. À titre personnel, je me vois bien passer aux 4/5e pour avoir plus de temps à consacrer à moi, à mon engagement pour la cause vélo, à mes proches.

Le vélo est évidemment un acteur principal de cette transition sociétale, mais on ne peut pas objectivement continuer à consommer autant de VAE, pour ne citer qu'eux. Le seul moyen de déplacement indispensable en ce moment c'est l'énergie musculaire. Il faudra aussi que les acteurs du secteur fassent leur changement sociétal.

Weelz.fr : Il y a t'il eu du personnel médical vélotafeur venant à la boutique pour être dépanné ?

Julie : Dans un magasin oui, on a eut une infirmière à domicile. Mais non, on n'a pas joué les héros en sauvant le vélo du docteur Mamour urgentiste (dommage :)). En vérité je pense qu'à moins d'un gros pépin le personnel médical se débrouille et a autre chose en tête qu'aller chez le vélociste.

Par contre on a des gens qui veulent acheter un vélo, on leur demande gentiment de différer leur achat. On ne peut pas rester une heure en contact avec eux en respectant les consignes de sécurité pour les conseiller ou leur faire essayer un vélo. Autant pendant les grèves, on était au taquet, autant là c'est bon prenez un Vélib' hein !

C'est pas qu'on soit débordés ou qu'on ne veuille pas faire de chiffre, c'est juste une question de priorité. Il faut que les gens comprennent, y'a rien d'essentiel à acheter un vélo neuf maintenant.

Propos recueillis le jeudi 19 mars.

Ailleurs en France, d'autres magasins vélo - chaîne, franchise ou indépendant - ont souhaité maintenir un service minimum de réparation/entretien vélo, uniquement sur RDV.

A Montpellier par exemple, Bruno de Uni Re-cycle - un vélociste indépendant - continue d'accepter les réparations mais en priorisant ceux du personnel soignant. Il propose également de venir chercher à domicile le vélo à réparer et assure la relivraison "dans le respect des consignes des autorités sanitaires et gouvernementales".

A Paris, les équipes de Repair and Run maintiennent eux-aussi leurs services : "Nous mettons notre service de réparation de vélos à disposition des professionnels qui en ont besoin, notamment, médecins et infirmiers, mais aussi livraison de nourriture. Le service est proposé en atelier (Paris 11) ou en itinérance." nous indique Nathanaël Benaym, gérant de la société.

Photo de couverture : Lille, Cycles Get Lost.

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