Born to Ride 2020, de Rambouillet à Aragnouet - Un retour sur la BTR
Born to Ride 2020, de Rambouillet à Aragnouet - Un retour sur la BTR

Born to Ride 2020, de Rambouillet à Aragnouet – Un retour sur la BTR

Aucunement une course, une aventure assurément - Fabien raconte sa BTR

Article publié le samedi 05 septembre 2020 à 12h11 et mis à jour à 15h38.

La Ravito Born to Ride est une épreuve de vélo ultra-distance. Son créateur, Luc Royer, fondateur de Chilkoot¹, s'inspire de différents sujets pour donner une thématique à ses courses. Après les cathédrales en 2016, les monts en 2017, les phares en 2018 et les citadelles en 2019, le thème retenu cette année était les forêts.

Chaque participant est en totale autonomie. Un point de départ et d'arrivée et entre les deux, ~1200 km de distance où le cycliste est libre de choisir son itinéraire. Seul impératif : le passage obligatoire de quatre checkpoints en chemin. Originaire de Tours, Fabien a voulu nous partager son expérience sur cette Born to Ride 2020. On lui laisse la parole...

Départ en forêt de Rambouillet

Une odeur qui me poursuivra bien au-delà de cette aventure, celle de la paille surchauffée, comme le bitume dégoulinant. Le salaire de la sueur en somme, où la fatigue remplace la nitroglycérine prête à chaque virage à nous faire sortir de la route. « Montand » au lac d’Orédon il faudra bien pourtant.

Je doute dès le départ avec cette chaleur, je vais essayer de construire des « châteaux de Chartres ». La carte nous mène pourtant bien proche de l’Espagne. C’est l’été en pédale douce.

Forêt de Bercé (Sarthe), pas de repos au CP1

Pas de repos au CP1 pourtant cela aurait été facile de trouver le sommeil dans la forêt de Bercé, nous continuons dans la vallée du Loir sans pour autant nous endormir ! Une halte prévue et bienfaitrice nous attend chez ma sœur. Quelle belle idée d’habiter à trois kilomètres de la trace. Ce sera la seule nuit sans utiliser notre matériel de bivouac. Ce fût court mais bon et nous repartons délesté de quelques affaires mais lesté d’un bon petit-déjeuner avec les encouragements précieux de la famille.

A Onzain nous sommes toujours que deux avec Sylvain en traversant la Loire, nous les régionaux de l’étape.

En Sologne, ça cogne, ça « Bastogne » de chaleur. Il nous faudrait du « Liège » dans les oreilles pour nous reposer. L’arrêt providentiel intervient dans une église : deux furent notre refuge, pauvres pèlerins que nous sommes. Une dalle bien fraîche pour manger et dormir, même de l’électricité pour nous recharger. Nul besoin d’allumer un cierge de peur de fondre sur place.

La Borne, ce joli village de potiers si bien nommé, où nous continuons à tourner nos jambes de glaise. La descente qui suit est magique en pleine nuit. Longue et linéaire sous une lune qui nous éclaire, un billard d’asphalte sous nos roues de velours vert.

Forêt des Bertranges (Nièvre), au CP2, la Charité

Ces routes berruyères vallonnées et sinueuses nous jouent une belle chorégraphie que semble apprécier Anne rencontré plus tôt en Sologne. Une belle et charmante personnalité. Nous nous régalons de nos discussions pendant cette douce nuit. Au CP2 nul besoin de demander la « Charité-sur-Loire » nous faisons « l’aumône honorable » en nous installant dans un champ de paille. Un bien bel endroit pour crécher.

Il faut avoir le bon Look pour rouler à Nevers et Sylvain suit aisément le groupe de leur sortie dominical. Faut dire qu’il a le niveau et surtout le bon vélo. Moi avec mon Victoire je me fais juste flasher à 50 km/h en me faisant larguer. Nous y croisons avec plaisir Thierry le pape du 42x17. Christophe rencontré un peu plus loin le raccompagnera à Riom non remis je pense de son fabuleux Tour 1903.

"Ce sont dans les cimetières où nous avons paradoxalement rencontré le plus de vie puisque les cafés de village ont depuis longtemps déserté la campagne française"

J’aurai dû noyer un peu plus mon « Bourbon-l’Archambault » ! Je suis saoul, besoin d’une cure de repos. Je suis en surchauffe pourtant dans cette ville d’eau. Sylvain me trainera jusqu’à Gannat.

Magnifique et incandescent Bourbonnais. Ce sont dans les cimetières où nous avons paradoxalement rencontré le plus de vie puisque les cafés de village ont depuis longtemps déserté la campagne française. Nos gourdes Lourdes (je vous l’accorde c’est un jeu de mots un peu bidon ! ) remplies d’eau bénite sortie de tuyaux chantants dans dix, vingt, trente cimetières. Lieux qui nous ont sauvés aussi plus tôt à force d’arrêt à la force de nos jarrets toutes les trente minutes dans cette Sologne non boisée et sans « Mur » pourtant.

A Pérignat-sur-Allier nous trouvons un bivouac devant la salle omnisports Raphaël Géminiani, quelle belle coïncidence. Nous sommes trois puisque Jean-Yves a eu la belle idée de prendre notre trace. Un super compagnon de route jusqu’au bout.

"J’ai eu ma plus grande émotion de cette BTR en arrivant dans le Cézallier"

J’ai eu ma plus grande émotion de cette BTR en arrivant dans le Cézallier. Un désert en guise de dessert. J’y pensais depuis octobre et y poser mes roues de nouveau fût une immense joie. Pour moi les plus beaux paysages que j’ai pu admirer pendant notre périple.

Une nouvelle rencontre dans un buron : Christophe qui sera acteur sans intermittence de notre trace. Nous nous sommes « aligoté » naturellement. Quel plaisir d’avoir pu rouler et échanger avec lui.

Marcenat une nouvelle pause s’impose avant que j’implose. J’entre dans le premier café aux rideaux tirés comme une maison close. C’est le bordel dans ma tête. Simone la « taulière » avec autant d’âge au compteur que moi de kilomètres depuis le départ. Elle est habillée comme une meneuse de revue avec son costume noir et blanc, son chapeau et ses lunettes noires. Elle m’ouvre mon coca avec un casse-noisette ! Un vrai music-hall.

Forêt de Murat (Cantal), le CP3 sous l’orage

Pause clope, non pause cloque ! Horreur-malheur en repartant mes yeux se posent sur mon pneu avant où une bulle de chambre à air dépasse suite à une crevaison arrivée plus tôt. Ça me « hernie » le poil. Réparation de fortune pour mon infortune grâce à Sylvain. Ce n’est pas moins qu’un « tubeless » de colle et de scotch qu’il nous faudra pour réparer.

"Nous passons le CP3 sous l’orage. Le thé chaud suffit à peine à me réchauffer"

Nous passons le CP3 sous l’orage. Le thé chaud suffit à peine à me réchauffer. Je tremble. On se réchauffe avec Christophe dans le van Ravito le si bien nommé. Je repars même avec une veste prêtée par Céline. Cédric nous a rejoints avec son bikecockpit tout en architecture. Un nouvel et excellent compagnon de route. Un nouvel orage gronde : une étable sera notre salut. Décidément le thème de cette BTR est bien divin. Le « cow pack » au complet est en marche.

"J’ai trop les boules d’avoir engagé mes compagnons de route dans ma galère de pneu"

L’entraide à Entraygues. J’ai eu mon « Lot » de galères sur cette BTR mais grâce à Gilles et son Cyfac tourangeau rencontré par pur hasard lors d’un petit déjeuner charcuterie (hmmm ce saucisson à l’ail) la roue va tourner. Une histoire « d’Hommes » on se comprend et sans réfléchir nous échangeons notre pneu avant, faute d’en trouver un à Decazeville. Grâce à lui je « m’enFuye » de nouveau. J’ai trop les boules d’avoir engagé mes compagnons de route dans ma galère de pneu. Ce CP4 il nous le faut et en couleur verte. Non mais c’est bien l’appel de la forêt le thème ! Et c’est parti pour un Décazeville-Villefranche de Rouergue en mode « l’équipée du Cannonball » avec le pit-stop repas le plus rapide de notre BTR. Résultat un CP volé pour tout juste 35 minutes dans les temps.

Nous ne sommes pas résignés après la forêt de Grésigne nous continuons à rouler mais pour ma part je n’ai plus de force. Nous y retrouvons Matt qui fait une fin de BTR comme un bolide, il est solide le garçon. La pression retombe après cette journée stressante. Après un pont un simple faux plat mais mon corps et ma tête disent stop. Je fais littéralement demi-tour. Impossible de rouler plus. Pause. Avec Cédric et Christophe nous nous baignons pour nous refroidir. Tropiques au compteur, il faut changer notre moteur.

Pendant ce temps Sylvain notre capitaine de route gère une pause salvatrice à Salvagnac : un vrai repas et même une douche ! Guchen, 25 km de l’arrivée. Je passe juste devant l’appartement de mes beaux-parents où Matt va déjà pouvoir se reposer. J’y croise juste après ma mère, ma sœur et ma nièce venues y passer la semaine. Quel plaisir de les voir.

Forêt d'Aragnouet (Hautes-Pyrénées), les derniers kilomètres

Je me délasse l’esprit dans les derniers lacets, comme les écureuils j’ai accumulé des kilomètres comme des noisettes petit à petit et je suis prêt à manger la plus grande tarte aux myrtilles dans ce double nœud de virage sans me lasser. J’amortis le choc de l’arrivée en montant seul et tranquillement. Trop d’émotions. Une super ambiance à l’arrivée où je retrouve les copains et fais de nouvelles rencontres. Ma sœur et ma nièce sont présentes et leur réconfort est précieux.

J’aurai cru avoir plus le temps de philosopher pendant cette BTR, pourtant j’étais avec Sylvain qui fût le meilleur des guides. Sans lui, cela n’aurait pas eu la même saveur et le même plaisir. Merci poto. Il me reste beaucoup de choses à améliorer en matière de trace et de matériel pour l’avenir.

Aucunement une course, une aventure assurément. Justement l’année prochaine, direction Firenze. Mais dis donc ma chérie ne se prénomme-t-elle pas Florence…

Photos : Sylvain et Fabien (j’en ai plein d’autres en tête surtout !)

Une immense pensée pour Stéphane qui se faisait une joie d’arriver dans les Pyrénées.

Ps : si vous avez vu le « tatoué » nous aimerions savoir où il se trouve…

¹ Le nom CHILKOOT tient son origine des pionniers américains de la fin du XIXème siècle partant chercher de l'or. Partant de l'ouest des Etats-Unis, ils devaient passer le terrible Chilkoot Pass, unique point de passage pour vers aller vers le Klondike.

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