Berlin, à l'aube d'une révolution vélo ? Ep. 1
Berlin, à l'aube d'une révolution vélo ? Ep. 1

Berlin, à l’aube d’une révolution vélo ? Ep. 1

Article publié le mardi 22 mai 2018 à 10h19 et mis à jour le lundi 13 avril 2020 à 14h49.

Première partie de ma visite vélo à Berlin... Genießen !

Lors de mes visites dans différentes villes du monde, je met toujours en corrélation l'historique de la ville et le développement (ou non) de son réseau cyclable. Car c'est bien souvent l'histoire de la ville à travers les âges qui décide du futur de son urbanisme et de ses modes de déplacements. C'est on ne peut plus vrai pour Berlin, dont l'histoire, bien que récente, a profondément marqué, pour ne pas dire littéralement balafré, son territoire.

Un passif douloureux

Au sortir de la seconde guerre mondiale, Berlin est meurtrie. Après les bombardements alliés, près de 80% du centre historique de la ville est détruit. Il faut raser et reconstruire. De nouveaux logements, de nouvelles routes. La population doit pouvoir à nouveau se déplacer, se loger, se nourrir. Vivre.

Mais les clivages politiques internationaux d'après-guerre vont décider de son avenir différemment. L'Allemagne est divisée en deux. La république fédérale allemande (RFA) à l'Ouest, la république démocratique allemande (RDA) à l'est, sous le contrôle de Moscou. Mais dans ce découpage, Berlin reste un cas à part. La ville est un gigantesque gâteau, que vont se partager les alliés entre-eux. Berlin-Ouest devient une enclave occidentale, partagée entre américains, anglais et français. Quant à Berlin-Est, la plus grande partie de la ville, reste sous contrôle soviétique.

La suite, vous la connaissez tous, vous l'avez appris comme moi dans les livres d'Histoire. La privation de liberté du régime communiste fait déserter la population, qui fuit massivement vers Berlin-Ouest. Jusqu'à ce jour du 13 août 1961, où Moscou décide l'édification d'un mur afin de stopper l'hémorragie et rendre la frontière Est-Ouest totalement hermétique.

Regards tournés vers l'avenir

Le Bösebrücke, le tout premier point de passage est-ouest ouvert en novembre 1989

Aujourd'hui, depuis ce jour du 9 novembre 1989, le mur de Berlin est tombé. Mais il aura laissé une profonde cicatrice qui restera à jamais dans les mémoires. Partout, la ville porte encore les stigmates de cette construction. La ville est un récit historique à ciel ouvert.

Fort heureusement, les berlinois jouissent désormais d'une totale liberté de mouvement dans leur cité. Et si partout, des plaques, monuments, lignes pavées, inscriptions, vous rappellent que cela n'a pas toujours été le cas, la différence entre Est et Ouest est aujourd'hui presque invisible. Quant au No Man's Land entre le mur intérieur et extérieur, il a été recouvert de nouvelles habitations, de nouvelles rues. La vie a repris ses droits.

Berlin est devenue une métropole européenne majeure, une capitale qui attire travailleurs, investisseurs et touristes.

Qu'en est-il du vélo ? L'on m'avait vanté un petit paradis cyclable. Force est de constater que ce n'est pas tout-à-fait le cas. Il y a d'autres villes bien plus en avance sur ce sujet de ce coté du Rhin (Münster, Karlsruhe, Freiburg...).

Elle se situe encore loin dans les critères établis par l'ADFC, l'Allgemeiner Deutscher Fahrrad-Club, la puissante association vélo allemande qui effectue tous les deux ans son classement "climat vélo" (Le "fahrradklima test", dont s'est d'ailleurs inspiré la FUB pour son baromètre vélo et son palmarès des villes cyclables françaises).

C'est possible si c'est désiré

"disons plutôt que ce sont les concitoyens qui ont de l'ambition pour leur municipalité" Pour autant, la ville a de l'ambition pour les déplacements de ses concitoyens. Enfin, disons plutôt que ce sont les concitoyens qui ont de l'ambition pour leur municipalité. Car un plan vélo ambitieux a été voté lors d'un référendum d'initiative populaire, sous la pression d'une pétition lancée par un collectif de cyclistes berlinois, le "Volksentscheid Fahrrad", qui a récolté en juin 2016 plus de 100 000 signatures, sachant qu'il en faut 20 000 pour qu'elle soit prise en compte !

Budget estimé : 320 millions d'Euros, pour faire en sorte d'augmenter la part modale du vélo à Berlin.

Aujourd'hui on estime à pas loin de 30 % la part de personnes se déplaçant à vélo, même si ce chiffre diminue fortement en hiver. Dans ce plan l'on retrouve une dizaine d'objectifs, parmi lesquels :

> Lancer la réfection des grands axes avec des pistes cyclables unidirectionnelles de 2 m de large.
> Ajouter 350 km de réseau secondaire vélo (les rues vélo, ou "Fahrradstraßen").
> Créer 100 km d'autoroutes vélo bidirectionnelles de 4 m de large aux quatre coins de la ville.
> Sécuriser 75 carrefours dangereux.
> Ajouter 100 000 places de stationnements vélo supplémentaires.
> Synchroniser les feux pour les cyclistes (vague verte) dans une cinquantaine de rues.
> Créer une police à vélo, dont une unité spéciale contre le vol de vélo.

La pétition a tellement pesé dans la dernière campagne électorale que certaines propositions ont été reprises dans leur intégralité ! De quoi moderniser fortement le réseau cyclable berlinois...

Berlin, à l'aube d'une révolution vélo ? Episode 2 à lire ici :

Vous avez aimé cet article ? N'hésitez-pas à vous abonner à notre newsletter. Vous pouvez aussi nous ajouter en favoris directement dans Google News. Et si vous voulez approfondir votre vélo culture, nous décortiquons l'actu vélo dans cette autre newsletter, Weelz! Décrypte. Une question, une remarque ? Contactez-nous.

Retour en haut de page