Historique : La France se dote enfin d'un plan vélo national !
Historique : La France se dote enfin d'un plan vélo national !

Historique : La France se dote enfin d’un plan vélo national !

Objectif: Tripler la part modale vélo d'ici à 2024

Article publié le samedi 15 septembre 2018 à 10h17 et mis à jour à 10h50.

Un petit pas pour l'homme, mais un grand coup de pédale pour le cycliste urbain français. Le premier ministre lui-même se déplaçait à Angers cet après-midi pour annoncer le futur grand plan vélo national. En réalité, ce n'est pas le premier, mais il s'agit du premier plan vélo français doté d'un financement réel.

Édouard Philippe était accompagné de François de Rugy, fraîchement nommé ministre de la transition écologique, ainsi que de Elisabeth borne, ministre en charge des transports.

Le lieu n'avait pas été choisi au hasard. On connait Angers pour sa douceur de vivre et son attractivité, mais pas tout à fait pour son coté cyclable, bien que la FUB la classait 3ème dans son palmarès des villes cyclables (dans les villes entre 100 et 200 000 habitants). Mais les choses changent et le maire, Christophe Béchu, semble de plus en plus vouloir tendre la main à ses concitoyens cyclistes. (Précisons également qu'Angers est la ville natale de Weelz.fr et de votre rédacteur préféré, ma pomme. Le déplacement était facile. ;) )

Si les trois ministres faisaient le déplacement en terre angevine, c'est aussi parce que Christophe Béchu est depuis peu le nouveau président de l'AFITF (l'Agence de Financement des Infrastructures de Transport de France). C'est cette agence qui va financer la partie "Fonds vélo".

Suite à l'annonce du report au mois de juillet, puis à la démission de Nicolas Hulot, on pouvait craindre le pire concernant ce fameux plan vélo, qui se faisait attendre depuis des mois. Elisabeth borne l'avait en effet annoncé depuis décembre de l'année dernière.

Au final, bien qu'il est toujours possible d'avoir mieux, il faut avouer que l'on est agréablement surpris de "l'ambition" (notez les guillemets) de ce plan. Loin de n'être que de vagues mesurettes, nous avons le droit, enfin, à de vrais mesures pour la promotion de l'usage du vélo.

Au total ce seront 25 mesures qui prendront effet dès 2019. Avant de vous dévoiler plus en détail toutes ces mesures, voici les quatre grandes idées de ce plan vélo national, dont l'objectif, rappelons-le, est de tripler la part modale vélo d'ici à 2024 (de 3 à 9%).

Mise en place d'un "fonds vélo"

"Le vélo, c’est donc une solution à de vrais problèmes du quotidien et à de vraies questions de société" Lors de son baromètre des villes cyclables, la FUB demandait un plan vélo sincère, assumé et surtout financé. Elle avançait un montant équivalent à 200 million d'euros par an sur 5 ans.

Au final ce fonds vélo "mobilités actives" est en deçà des préconisations de l'association vélo, mais son montant reste correct : 350 millions d'Euros sur 7 ans, soit 50 M€ par an.

Une dotation de soutien à l'investissement local (DSIL) va pouvoir être utilisée par les collectivités pour financer des infrastructures cyclables. Une enveloppe de 500 millions d'euros sera dédiée aux enjeux de mobilité, notamment pour encourager l'intermodalité, maillon essentiel pour promouvoir l'usage du vélo au-delà du cercle uniquement urbain, mais aussi périurbain et rural.

L'ADEME lance d'ailleurs dès aujourd'hui un appel à projet pour aider les collectivités à se servir de cette enveloppe dès 2019.

Pour renforcer la sécurité des usagers cyclistes, il est aussi prévu de mettre en place davantage les sas vélos Plus curieux, le plan prévoit de généraliser le double sens cyclable ... dans les rues à 50 km/h (pour le moment déployé uniquement dans les zones 30).

Lutte contre le vol de vélo

Après le manque de sécurité sur le réseau cyclable, le vol est le second facteur qui empêchent les utilisateurs de se déplacer à vélo. Ce plan vélo national prévoit des mesures pour lutter contre ce fléau :

Développement de l'aménagement de stationnements vélos sécurisés près des lieux de déplacements du quotidien, généralisation du marquage vélos (la FUB espère une vision européenne sur ce sujet et pas seulement française), facilitation du dépôt de plainte (il y a actuellement de nombreux témoignages de refus de dépôt de plainte pour vol de vélo). Ce marquage devrait être appliqué sur les vélos neufs mais à terme aussi sur les vélos d'occasion.

Un forfait mobilité

"créer un cadre favorable pour reconnaître le vélo comme un mode de déplacement à part entière" Terminé l'indemnité kilométrique vélo, place au "forfait mobilité". L'IKV était jugée trop compliquée à mettre en place, à cause de son aspect variable selon le nombre de kilomètres parcourus. Elle fait donc place à un système forfaitaire.

Un forfait qui pourra aller jusqu'à 400 € par an et qui est ouvert à tous les salariés, secteur privé ou publique. Il est dommage toutefois que ce forfait soit obligatoire pour les fonctionnaires mais reste facultatif vis-à-vis des entreprises du secteur privé.

Au niveau fiscal, la bonne nouvelle est que le vélo entre enfin dans le barème des impôts, ce qui met fin à une inégalité entre les différents modes de transport depuis de nombreuses années. "Il s’agit d’une mesure importante pour placer le vélo sur le même plan que la voiture ou les deux-roues motorisés." indiquait le 1er ministre dans son discours.

L'État souhaite soutenir la mise à disposition de flotte de vélos par les entreprises, en incitant fiscalement via de la location et non plus de l'achat comme c'était le cas précédemment.

Le "savoir rouler", pour développer une culture vélo

L'apprentissage systématique du vélo dès l'école primaire avait déjà été validé par le comité interministériel de la sécurité routière. Ce plan vélo reconnaît également le vélo comme un outil efficace de lutte contre la sédentarité et devrait permettre aux médecins de prescrire de l'activité physique (dont du vélo).

Notre avis

Bien sûr, on pourra toujours critiquer le manque d'ambition de ce plan (Frédéric Héran trouve que l'Etat joue "petit bras"), mais toujours est-il que c'est la première fois que l'on entend parler autant de vélo, à un si haut niveau de l'État. Nous le constatons depuis quelques années, mais il est désormais clair et avéré que l'usage du vélo comme mode de transport est bel et bien reconnu. L'annonce de ce plan vélo, et le fait que trois ministres se déplacent pour l'annoncer, marque un véritable tournant. C'est un signal fort.

Reste à savoir si ce plan entrera véritablement en application. Au-delà de l'implication du gouvernement, le véritable impact de ce plan vélo va dépendre également de l'investissement à la fois des entreprises, des syndicats et bien sûr des collectivités.

Saluons au passage l'énorme boulot réalisé par la FUB pour porter la parole vélo au plus haut niveau de l'Etat.

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¹ Il y a eu trois plans vélo en six ans, mais aucun n'avaient eu de financement.

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