Aménagement cyclable, réflexion sur un juste mélange des usages
Aménagement cyclable, réflexion sur un juste mélange des usages

Aménagement cyclable, réflexion sur un juste mélange des usages

Une réflexion sur la réelle nécessité d'un aménagement cyclable systématique

Article publié le mercredi 16 décembre 2015 à 09h00 et mis à jour le mercredi 20 février 2019 à 13h50.

Il y a quelques années encore, j'étais un fervent défenseur de la piste cyclable sécurisée. Mais depuis ce que l'on pourrait nommer le boom du vélo en ville, j'avoue que mon opinion à ce sujet se voit un peu bousculé. Explications...

Effet masse critique

"Plus il y a de cyclistes, moins il y a d'accident"

Weelz.fr n'est pas un parvenu. Voilà bien longtemps que moi-même, et les excellents pigistes qui collaborent avec le magazine, nous déplaçons à vélo, et sommes convaincu par ce mode de transport vertueux.

Mais alors qu'il y a encore quelques années, nous nous sentions bien seul sur nos selles, à arpenter les rues de nos villes, aujourd'hui, force est de constater que nombreux sont les cyclistes venus grossir nos rangs.

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Même si nous sommes encore loin d'atteindre les chiffres des pays nord-européens, cet afflux, amène indubitablement vers un fait, que de nombreuses études sont venues corroborer : plus il y a de cyclistes, moins il y a d'accident.

Autrement dit, un nombre conséquent de cyclistes sur la voirie, amène intrinsèquement les autres usagers de la route (voiture, camion, moto...) à plus de prudence envers leurs confrères à deux roues sans moteur.

Alors, même si les incivilités (et l'absence de cerveaux) de certains usagers motorisés restent toujours à déplorer, on observe tout de même un apaisement global des comportements routiers.

Effet VLS

Décontracté en vélib, balade en cherchant un restoEn France, l'effet des systèmes de vélos en libre-service n'y est bien sûr pas étranger.

Bien que cela ait mis de nombreux novices en la matière sur la chaussée, avec les mauvais agissements que cela peut parfois entraîner, ces systèmes furent, et sont encore, de formidables accélérateurs de la pratique vélurbaine.

Ailleurs, lors par exemple de nos pérégrinations en Allemagne, aux Pays-Bas ou au Danemark, on constate que la présence historique du vélo en ville, a profondément modeler l'attitude et la conduite de chaque mode de déplacement, motorisé ou non, envers les autres.

Chacun porte attention à l'autre, et tout le monde sait qui a la priorité sur qui. Une attitude importante pour un savoir-vivre ensemble. Cette attitude peine encore à arriver dans notre pays de latins.

Cyclistes VS le reste du monde

"Faut-il ségréguer les cyclistes urbains ?"

Ce qui m'amène donc à cette réflexion : Faut-il ségréguer les cyclistes urbains ?

Autrement dit :  Est-il mieux aujourd'hui, alors même que les mentalités évoluent dans le bon sens pour la prise en compte de ce mode de transport, de continuer de vouloir mettre à part les cyclistes sur une voie totalement séparée ?

Comment habituer un automobiliste (ou un 2RM) à cohabiter avec des cyclistes, si les cyclistes en question possèdent leur propre voie, bien à l'abri du trafic ?

Vitesse et précipitation

Bien sûr, cet aménagement cyclable va également dépendre de la vitesse automobile autorisée sur l'axe.

En 2005, le CERTU publiait un schéma de Recommandations pour les Itinéraires Cyclables RIC, qui prend en compte la vitesse, mais aussi le volume du trafic :

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Mais comme l'indique le schéma, un aménagement cyclable peut aussi être un excellent moyen d'apaiser une zone de circulation dense.

La bande cyclable a donc de multiples avantages :

  • Elle signale aux automobilistes la présence éventuelle de cyclistes.
  • Elle diminue la place de l'automobile et l'invite donc à ralentir.
  • Elle rappelle à l'automobiliste qu'il doit partager sa voie.
  • Elle permet au cycliste de rouler sans avoir à slalomer entre les voitures.
  • Elle force le cycliste à respecter les même signalisations que l'automobiliste.
  • Elle profite de l'entretien global de la chaussée.

Une opinion d'ailleurs partagée par la FUB, la Fédération française des Usagers de la Bicyclette :

"La bande cyclable constitue le plus souvent en milieu urbain la meilleure aide à la pratique de la bicyclette tant pour des raisons de place que d’usage et de financement."

Cette bande doit être bien entendu parfaitement visible par tout le monde. J'ai vu trop souvent ce type de bande partiellement effacé, et donc totalement invisible pour l'automobiliste.

Parfois une bonne couche de couleur et/ou couplée à des bourrelets réfléchissants, suffit parfois à rendre une bande cyclable très agréable à rouler.

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Bien entendu, ce type d'aménagement, non séparé du trafic automobile, entraîne également de mauvais comportements.

Quel cycliste urbain ne s'est pas déjà retrouver bloqué derrière une voiture, qui roulait sur la bande cyclable, volontairement ou parfois même sans s'en rendre compte ?

Parfois les voitures ont aussi la fâcheuse tendance à vous suivre de très près histoire de vous faire comprendre que vous les gênez (bien qu'en vous doublant ils s'arrêteront au prochain feu rouge...)

Et que dire bien sûr des spécialistes du "J'en ai pour 2 minutes", qui ont prit l'habitude d'utiliser les bandes cyclables comme des places de parking ... hashtag #GCUM ou #PostItPAV

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Quand la vitesse du trafic auto s'accélère, la piste cyclable sécurisée répond évidemment à une certaine logique de sécurisation des cyclistes.

6303931949_6363972300_bSéparée de manière nette de la voie motorisée, elle permet aux deux modes d'évoluer, sans entraves ni dangers.

Les autoroutes à vélos sont, par exemple, une excellente idée pour favoriser le déplacement à vélo, sur de plus longues distances entre les différentes communes d'une agglomération.

Londres vient d'ailleurs récemment d’inaugurer une nouvelle autoroute cyclable sur un axe de circulation dense (Oval à Pimlico) qui avait vu la mort d'un cycliste l'année précédente.

Mélange des genres

"le cycliste urbain a davantage besoin de reconnaissance que d'infrastructure"

Mais en plein cœur des centres-ville, il apparaît aujourd'hui, que le cycliste urbain a davantage besoin de reconnaissance, que d'infrastructure. C'est un changement de mentalité qui nous sera utile, et cela sera la clé pour faire venir encore plus de vélos dans nos rues.

Peut-être faut-il envisager la chose en deux étapes : tout d'abord booster la politique de mise en place d'infrastructures cyclables, afin d'accélérer le report modal de la voiture vers le vélo.

Une fois que la part modale du vélo est devenu conséquente, et que les comportements des voitures vis-à-vis des cyclistes se seront apaisés : freiner les investissements sur les voies cyclables, afin de les reporter sur des solutions utiles aux cyclistes.

Je pense notamment au stationnement vélo, qui, comme dans toutes les grandes villes cyclables, reste l'un des principaux points noirs.

En d'autres termes, on pourrait résumer cet article par : "mélangeons-nous !" (Cela n'est d'ailleurs pas valable que pour le vélo...).

Edit : suite à l'un de nos posts sur notre page Facebook, il est vrai que ce type de voies cyclables, non séparées du trafic, reste dangereuse à la vue du comportement de certains usagers motorisés, surtout pour les minots... triste constat.

On est bien sûr preneur de vos avis et expériences !

Crédits photos : F. Bisson, AUTB, @50_euros, J. Mark Dodds.

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