Zoov, une offre privée hybride de vélos en libre-service
Zoov, une offre privée hybride de vélos en libre-service

Zoov, une offre privée hybride de vélos en libre-service

Un service hybride de vélos partagés

Article publié le jeudi 07 janvier 2021 à 10h59 et mis à jour le vendredi 08 janvier 2021 à 13h00.

Nichés derrière le hall d'exposition de Paris Porte de Versailles, vous ne pouvez pas louper les bureaux de cette jeune entreprise ; devant, une borne de rechargement de vélos. Point de Vélib', mais des vélos bleus, des Zoov. Zoov est une offre privée de vélos en libre-service, réunis autour d'une borne, mais pas forcément. Vélos en libre-service. Un peu free floating, un peu en station. Le "meilleur des deux mondes" nous explique Arnaud Le Rodallec, l'un des fondateurs, avec qui nous avons passé quelques heures fin décembre 2020.

Un constat, une idée

Arnaud, Amirah, Eric.

L'idée de Zoov a germé dans la tête d'Arnaud à l'automne 2017. Alors salarié dans l'entreprise d'Eric, il voit bien que le paysage de nos villes est en pleine mutation. Nos rues et nos trottoirs (à Paris en tout cas) sont envahis de vélos en libre-service. Souvenez-vous les Ofo, Gobee.Bike, Pony. les trottoirs sont envahis et c'est le désordre. De l'autre côté du "free floating", à Paris toujours, les vélib'. C'est un succès d'usage. Fin 2017, la ville de Paris est en plein appel d'offre pour renouveler la concession pour 15 ans. Les coûts d'exploitation sont faramineux et le déploiement des stations un travail titanesque.

Aussi l'offre vélib', même si elle est plébiscitée, n'offre pas à l'usager l'agilité et la souplesse des offres de free floating. Arnaud sent bien qu'il y aurait moyen de tenter de réunir le meilleur des deux monde.

L'internet des objets

Les trois fondateurs travaillent dans la technologie. Eric est notamment le fondateur de la marque d'objets connectés Withings. Ils travaillent dans l'IOT (Internet Of Things ou dans la langue de Vianney, l'Internet des Objets). C'est évident pour eux, la solution viendra en bardant les vélos de technologie. Des puces, de l'électronique, des GPS, des logiciels, des trucs et des bidules électroniques (je ne suis pas vraiment un technicien de la technique).

En vrai, le téléphone est beaucoup plus petit que le vélo.

Les trois associés Arnaud -28 ans-, Amira (Haberah) -32 ans- et Eric Carreel (un peu plus vieux, le double ou à peu près) ont la vision du service qu'ils veulent proposer. Ils savent les données qu'il faut intégrer et exploiter, il ne manque que le produit à concevoir. Le produit ? c'est le vélo, pardi !

Le proto 1. Imprimé avec une imprimante 3d.

Un raisonnement à l'inverse

Donc vous l'avez bien compris, Zoov est l'exemple de l'entreprise qui se lance dans le vélo non pas en partant de l'objet (le vélo) mais bien des services à proposer et des technologies à mettre en œuvre autour, pour que ce service soit bon pour l'usager, rentable pour l'exploitant.

La technologie embarquée a deux objectifs distincts. Premièrement rendre la gestion du vélo simple et rentable. Un logiciel permet d'anticiper les pannes, d'identifier les problèmes, d'optimiser les processus de maintenance, retrouver les vélos dans la rue. L'autre objectif évidemment, à destination de l'usager. Trouver un vélo rapidement, un vélo en bon état, chargé (les Zoov sont des VAE) un vélo sur lequel aller du point A au point B est aisé et agréable.

En haut de Meudon.

Du temps...et de l'argent

Un peu moins de deux ans passés à la conception de la machine (beaucoup de prototypes), un an de pur Recherche & Développement, 6 mois de Beta Test (comprendre test en grandeur nature) plus tard les vélos en aluminium Zoov sont déployés sur le terrain.

Le cadre, nu.

L'utilisateur, le Zoover (j'ai oublié de demander si l'utilisatrice est une Zooveuse Edit: On nous dit dans l'oreillette qu'un zooveur au féminin est bien une zooveuse !), une fois qu'il a créé son compte, il s'identifie. L'appli lui indique où un vélo en bon état est disponible. Il n'a plus qu'à le déverrouiller (via son smartphone) et se rendre à sa destination, en pédalant tranquillement. Arnaud nous confirme (sans preuve mais faisons lui confiance, nous ne sommes pas contrôleurs du fisc) que l'activité est rentable sur les sites. Par contre les frais de développement ne sont pas couverts. Heureusement, les associés ont les reins solides. (Je vous rappelle qu'Eric, l'un des trois associés, est le fondateur de Withings, l'inventeur de la Livebox aussi, mais ça c'était il y a longtemps*).

Compte-rendu des quelques kilomètres à pédaler sur un Zoov

Ca roule.

En roulant :
Le vélo est, exclusivement un VAE. Mono-vitesse. L'assistance n'est pas modulable. C'est simple et basique. Ce qui ne veut pas dire sans intérêt. Avant d'enfourcher ce vélo il faut savoir que le trajet moyen des Zoover est d'environ 3 kilomètres. Au-delà de la pertinence d'avoir un VAE pour pédaler 3 kilomètres (c'est un autre sujet et un autre débat), le vélo pèse 25kg, conçu pour accueillir confortablement toute personne mesurant entre 1m60 et 2,00m (encore une fois, pour pédaler 3km en moyenne par trajet, le confort pourrait être secondaire, sauf que si la première expérience est mauvaise, les utilisateurs bouderont les vélos). Une fois l'appli téléchargée, le vélo reconnu par mon téléphone (via le scan d'un QR code) le vélo est prêt à m'emmener. Du haut de mon mètre quatre-vingt dix, je suis bien installé.

Les premiers mètres sont dans une petite côte. L'assistance électrique est disponible tout de suite, les quelques mètres de D+ avalés facilement. S'en suit une descente. Avalée à une vitesse honorable, il ne sert à rien de chercher à pédaler. Le développement est trop court et je préfère me laisser glisser que mouliner. Une longue portion de plat en milieu urbain. On atteint les 25km/h sans effort, rapidement. C'est possible d'aller au-delà, sans trop forcer mais en moulinant ! Je note un léger effet on/off de l'assistance quand je roule entre 20 et 25km/h, comme si l'assistance hésitait à m'assister. Rien de grave, ni perturbant, juste une petite sensation dans les pédales.

Arrive ma côte habituelle, le segment Strava "La Muerte" (évoqué sur le test Coleen), le vélo m'emmène en haut bravement sans broncher. (500m à plus de 10% de D+ à la vitesse moyenne de 15Km/h sans forcer). Idem les pavés sont avalés sans être secoué comme un prunier. Au total, j'ai roulé trois quart d'heure sur ce vélo, parcouru 12km.

Résumé du test

C'est court pour un test, c'est malgré tout 4 fois plus qu'un trajet moyen constaté par l'équipe de Zoov. Aussi la configuration de mon parcours de test est autrement plus exigeant qu'une utilisation "normale" pour un vélo en libre-service. Ce vélo Zoov supporte absolument la comparaison à l'usage avec les vélib' électriques ou les vélos Jump que j'ai eu l'occasion de tester. Il reste selon moi, un ton en-dessous du plaisir que peut procurer un véligo (Même si, comparer Véligo et Zoov n'a pas beaucoup de sens. On ne comparerait pas une Autolib à une Renault clio louée chez Hertz).

De toutes façons, chez Zoov l'important n'est pas le vélo mais bien le service proposé, continuons encore quelques lignes sur l'entreprise.

Zoov se verrait bien dans 5 ans comme la solution de référence pour un exploitant de vélos électriques partagés en Europe. D'ailleurs, ils commencent à vendre leur vélo (et l'ensemble des services et données qui vont avec) à d'autres exploitants de flottes de vélos. Grenoble accueille déjà depuis quelques semaines des vélos Zoov exploités par un autre opérateur. (Pony pour vous dévoiler un secret de polichinelle).

Les selles, en charge.

Qui sont les clients de Zoov ?

Un Zoov bien rangé est un Zoov en rang d'oignons.

Zoov n'a pas l'approche de cow-boy des exploitants de trottinettes californiens ou chinois avec leur motto "mieux vaut demander pardon que demander l'autorisation". Cette façon de faire expliquait le déploiement des flottes de vélos ou trottinettes, en une nuit, sans autorisation municipale. Zoov souhaite travailler en collaboration avec les autorités en charge des zones dans lesquelles ils déploient leur flotte. Cela ne coûte rien financièrement à l'hôte. Ils pourront ensuite avoir accès à l'ensemble des données collectées par Zoov (on ne connait pas les modalités des accords qui peuvent exister).

Donc l'autorité gestionnaire du site autorise le déploiement des flottes. Travaille ensuite avec Zoov sur la base de l'apprentissage empirique. (ex: des vélos sont souvent retrouvés à tel endroit, alors déployer une station serait pertinent). Celles et ceux qui paient sont les utilisateurs du service. Celles et ceux qui pédalent. 20 centimes d'euro la minute (Puisque l'utilisation moyenne est de 15 minutes pour 3 kilomètres, en moyenne, Zoover coûte 1€ du kilomètre à l'usager).

Zoov, une entreprise hybride

Zoov est donc une entreprise hybride, avec un service proposé et facturé à l'usager final, le consommateur, du BtoC. Par contre pour pouvoir se déployer et se développer, les interlocuteurs des équipes commerciales de Zoov sont les décideurs politiques ou les gestionnaires de site. Nous sommes sur du BtoB. Zoov semble maitriser absolument la partie software des vélos. C'est leur coeur de métier. Après une phase d'apprentissage, ils ont développé un vélo plutôt bien conçu. Il serait assez facile pour eux d'aller plus loin dans l'expérience proposée aux usagers. En créant par exemple plusieurs profils en fonction de son humeur et de sa forme. Ainsi l'utilisateur pourrait simplement par un biais de configuration sur l'appli décider du niveau d'assistance souhaité pour le trajet à venir.

En conclusion

Zoov est bien à la croisée des chemins. Un compromis malin entre le vélo privé, le vélo en libre-service en station et le vélo en libre-service en free-floating. Le triptyque cher à l'équipe "Produit / Service / données" est bien équilibré (bon ils ne m'ont pas non plus donné accès à toutes les données qu'ils collectent). Une solution intelligente pour les municipalités de taille moyenne, ou les sites privés avec une étendue conséquente (Universités, Zones d'activités, hôpitaux). L'avenir nous dira si Zoov a tout intérêt à se concentrer sur une croissance interne (plus de vélos déployés sur plus de sites ou si proposer leur technologie à d'autres opérateurs est le bon business model). Peut-être que le bon modèle sera un mix des deux. Nous vous proposerons un point l'année prochaine.

Exercice de questions-réponses avec Arnaud

  • Combien de vélos déployés aujourd'hui sur le terrain ? 1,000
  • Où ? Sur le site de Paris-Saclay et Bordeaux dans l'agglomération (à noter que Zoov' à offert les trajets pendant la crise sanitaire aux personnels soignants travaillant dans les hôpitaux publics de l'agglomération)
  • Qui paye? Le Zoover (aucun frais pour la municipalité, ni la structure qui accueille les bornes ou les vélos)
  • Le vélo, Combien de vitesses? Une.
  • Quel poids ? 25kg
  • Quelle autonomie ? Annoncée 40 kilomètres.
  • Quelle durée de vie des vélos ? L'entreprise est jeune. Aujourd'hui aucun vélo n'a rendu l'âme.
  • Sont-ils donc tous encore en circulation ? Non, il y en a qui ont disparu, d'autres qui ont été repêché dans l'eau... Ceux là sont perdus.
  • Des vélos volés ? Il y en a un peu. Les chiffres restent anecdotiques (NDLR: anecdotiques mais ne sont pas communiqués).
  • Pour usagers de quelles tailles ? Pas de limite basse, mais en-dessous d' 1m50, c'est difficile. Idem pas de limite haute mais au-delà de 2 mètres, le confort ne sera pas optimum.
  • L'assistance électrique, modulable ? Non, un capteur de puissance fait le boulot d'identifier quelle assistance fournir pour un rendu optimal.
  • L'assistance électrique, en mode off ? Non mais oui. Non le logiciel n'est pas conçu pour rouler avec l'assistance coupée. Oui parce que le paramétrage est très simple. Il suffit de l'intégrer ; et il l'est dans la ville de Grenoble où les vélos viennent d'être déployés. La municipalité, dans l'appel d'offres, a demandé à ce que l'assistance électrique soit coupée dans certaines rues.
  • Les Zoovers, à quelle fréquence utilisent-ils vos vélos ? Environ 10 fois par mois en moyenne. Ce n'est qu'une moyenne.
  • Combien de kilomètres par trajet ? En moyenne 3 kilomètres.
  • Les concurrents ? Il n'y en a pas véritablement puisqu'aucun opérateur n'a le même niveau d'expertise et la même offre. Mais évidemment les acteurs comme Jump ou Okkaï sont des concurrents. Zoov se considère comme complémentaire, pour l'instant, à une offre de vélo en libre service (type Vélib', velov' etc). Ne considère pas comme concurrents les vélos privés puisque notre offre et l'usage est plutôt complémentaire.
  • En une phrase comment se présente Zoov ? L'expert du vélo électrique partagé.

➡️ En savoir plus sur Zoov.

* Si jamais vous souhaitez écouter la vie d'entrepreneur d'Eric Carreel, vous pouvez écouter son interview le podcast, La Story.

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