Voies sur berges à Paris, symptôme du malaise automobile
Voies sur berges à Paris, symptôme du malaise automobile

Voies sur berges à Paris, symptôme du malaise automobile

Article publié le vendredi 09 mars 2018 à 18h32 et mis à jour le lundi 26 novembre 2018 à 22h09.

Alors que les parisiens respiraient à nouveau un air (à peu près) correct et qu'ils pouvaient circuler à pied ou à vélo sur les voies sur berges parisiennes, un événement est venu mettre à mal l’arrêté de "piétonnisation définitive".

C'était une décision qualifiée d'historique et un projet porté par le maire de Paris Anne Hidalgo: en septembre 2016, les berges de Seine rive droite étaient intégralement fermées à la circulation motorisée. Une décision validée à l’issue de la délibération au Conseil de Paris.

Mais, le mois dernier, le tribunal administratif annule la fermeture à la circulation des voies sur berge rive droite ! Arguments avancés: "des inexactitudes, des omissions et des insuffisances concernant les effets du projet sur la circulation automobile, les émissions de polluants atmosphériques et les nuisances sonores, éléments majeurs d'appréciation de l'intérêt général du projet". Assez cyniquement, cette décision intervient le jour du premier pic de pollution de l'année.

Les voies sur berge rive droite portent ironiquement le nom de voie George Pompidou, du nom de notre ancien président, qui croyait dur comme fer que l'avenir était dans l'automobile particulière, et à qui l'on doit 50 ans de politiques pro-voiture.

50 ans plus tard, cette politique à eu un résultat sanitaire terriblement néfaste, et ce, sur plusieurs générations : sédentarité, pollution atmosphérique, visuelle et sonore, maladie respiratoire, AVC, cancer et j'en passe. Des faits que de nombreuses études sont venues corroborer. D'après l'une d'elle, très récente, plus de 45.000 décès prématurés pourraient être évités chaque année.

Mais cela ne semble pas émouvoir les pro-circulation automobile (l’association 40 millions d'automobilistes devant) qui préfère sacrifier la santé de millions de personnes sur l'autel d'une soit-disant "liberté de circuler". La vision d'une France qui ne peut se rendre au travail qu'en voiture est encore terriblement prégnante.

Pour preuve, pour la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, il faut laisser les automobilistes utiliser les voies sur berges pour aller travailler, et les rendre piétonnes uniquement le weekend, pour le loisir et la balade. Cela en dit long sur cette manière de penser la mobilité qui date du 20è siècle...

Parc des Rives de Seine

Mais la majorité parisienne pourrait bien finalement avoir gain de cause. Un nouveau texte, qui est entré en vigueur ce jeudi, ne s'appuie, cette-fois, plus sur les chiffres de la pollution, mais sur la valorisation du patrimoine.

"La Maire de Paris peut interdire l’accès de certaines voies [...] aux véhicules dont la circulation est de nature à compromettre, notamment, la tranquillité, la protection des sites ou leur mise en valeur à des fins esthétiques ou touristiques [...] l'interdiction de circulation des véhicules à moteur sur les quais bas des berges de la Seine contribue à préserver l'authenticité et l'intégrité du bien classé" peut-on lire dans le texte officiel.

Et les voies sur berge rive droite, devenues depuis peu le "Parc des Rives de Seine", longent ou offrent des points de vue sur quelques-uns des plus beaux éléments du patrimoine historique et architectural de la capitale : Trocadéro, Tour Eiffel, musée d'Orsay, Notre-Dame... sans compter les nombreux ponts, ouvrages d'art qui enjambent la Seine.

Manifestation ce samedi

Rien n'est encore acquis. Mais s'il n'est pas sûr encore que ce nouvel arrêté ne soit pas de nouveau retoqué par le tribunal administratif de Paris, les voies sur berge devraient rester piétonnes quelques temps encore. D'après un récent sondage commandé par la ville de Paris, 55% des parisiens sont favorables au maintien de la piétonnisation.

Si vous souhaitez montrer votre soutien, une manifestation est prévue ce samedi 10 mars. Elle est organisée par l'association Respir'Action, qui propose de venir manifester avec "des poussettes contre la pollution de l'air".

Rappelons qu'en 1992, c'était déjà plusieurs associations (Réseau Vert mais également MDB, Vélocité, Vélorution et AUT Paris), qui, après plusieurs manifestions, avait réussi à obtenir, dès l'été 1995, la fermeture de ces voies tous les dimanches. L’opération « Paris Respire » avait été lancée en 1995 par le ministère de l’environnement et reprise par Jean Tibéri puis Bertrand Delanoë. C'est le sens de l'Histoire, n'en déplaisent à une minorité...

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