Le désaveu du vélo dans les pays émergents
Le désaveu du vélo dans les pays émergents

Le désaveu du vélo dans les pays émergents

Article publié le mardi 05 avril 2016 à 12h40 et mis à jour le vendredi 19 mai 2023 à 10h34.

La croissance économique n'a pas que de bons cotés. Alors que les pays développés redécouvrent les bienfaits du vélo depuis quelques années, les pays en développement s'en détournent massivement.

En effet, la part des ménages possédant une bicyclette dans le monde a globalement diminué depuis une vingtaine d'année. A l'échelle du monde, en 1989, environ 60 % des foyers possédaient un vélo. Ce chiffre a diminué de moitié puisque les ménages équipés, n'étaient plus que 32 % en 2012.

Les pays en développement se détournent donc plus rapidement du vélo, que les pays développés ne le redécouvrent. A moins que ne ce soit parce que l'occident ne représente que 25% de la population mondiale. Deux poids, deux mesures si l'on s'en tient à ce dernier chiffre.

Un désintérêt, des pays en développement, pour la bicyclette que l'on ne mesure pas toujours dans nos contrées, où l'engouement populaire pour la pratique du vélo, électrique ou non, va croissant. Elle y est même encouragée par les pouvoirs publics, avec la construction d'autoroute pour cyclistes ou par l'octroi de subventions à l'achat. Cette étude universitaire qui a été publié dans la revue scientifique Journal of Transportation Health va donc à l'encontre d'une idée communément admise en Occident.

La voiture, signe d'ascension social

Mais alors, d'où vient ce désintérêt pour le vélo ? D'Asie principalement, où la bicyclette était traditionnellement le premier moyen de locomotion. En Chine notamment, où l'Etat ne subventionne plus l'achat de vélo, alors que cet avantage datait de l'époque de Mao.

Le nombre de foyers chinois possédant au moins un vélo est ainsi passé de 97 % en 1992, à seulement 48 % en 2007. Malheureusement, ceux qui utilisaient leur bicyclette pour se déplacer, ne se sont pas tous reportés sur les transports en commun.

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Les ventes de véhicules à moteur, et particulièrement d'automobiles, signe d'ascension social ont explosé. En 2014, 24 millions de voitures ont été vendues en Chine. 50 000 nouvelles immatriculations sont enregistrées chaque mois, rien que dans la capitale ! Avec les résultats que l'on constate en termes de pollution.

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Cet hiver, alors que les dirigeants chinois négociaient âprement à la COP21, Pékin suffoquait sous un smog qui allait durer près de deux semaines. Les autorités ont alors été contraintes de fermer les écoles, d'instaurer la circulation alternée, et ont interdit aux usines les plus polluantes de fonctionner.

Il faut dire que le niveau de pollution était alors 20 fois plus élevé que le seuil recommandé par l'Organisation Mondial de la Santé. Une situation de moins en moins bien acceptée par les chinois.

Le vélo, c'est la santé

Pédaler, c'est garder la santé. C'est en substance ce que confirme une étude danoise parue en 2000, et qui conclu que le risque de mourir dans l'année est réduit de 40 % chez les personnes qui se rendent au travail à vélo, comparativement à celles qui utilisent un autre moyen de transport. (voir aussi une autre étude ici).

L'activité physique quotidienne apporte donc un gain important en termes de santé publique. Le sport induit par la pratique du vélo va d'ailleurs dans le sens des préconisations de l'OMS, qui recommande de pratiquer 30 minutes d'activité physique tous les jours afin de réduire les risques cardio-vasculaires.

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Les pays abandonnant massivement le vélo, pour la voiture, pourraient donc connaître une hausse de leur mortalité. Et ce, non seulement liés à la hausse de la pollution générée par les voitures, mais aussi indirectement par la diminution des activités physiques d'urbains de plus en plus sédentaire. Une "double peine" donc, pour les millions de chinois.

Pour ne rien arranger, les derniers cyclistes chinois devront également redoubler de vigilance car selon une étude de 2003,  les pays comptant le moins de cyclistes, sont aussi les plus dangereux pour les amateurs de vélo. En cause, des infrastructures routières construites pour l'automobile, un manque d'aménagements cyclables, mais aussi l'incivilité des automobilistes qui grandit avec leur nombre.

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Dans un autre article publié en 2007 dans la revue Injury Prevention, des chercheurs anglais ont comparé les risques subis par des cyclistes dans huit pays.

Résultat : les Pays-Bas et la Norvège sont les pays les plus sûrs, suivis de la Suisse et de l'Allemagne. Il s'agit des pays européens présentant le plus fort taux de déplacements réalisés à vélo.

Au contraire, la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande, qui compte peu de cyclistes, sont les pays où leur vie est potentiellement le plus en danger. La Chine, l'Inde, le Vietnam... pourrait donc voir le taux de mortalité de leurs cyclistes augmenter à mesure que la voiture gagne du terrain. Un cercle vicieux pas facile à briser.

Crédits photos : Jim, Gordon, Lu Feng.

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