De la revendication au partage

De la revendication au partage

Article publié le mercredi 25 juin 2008 à 08h13 et mis à jour le jeudi 26 juin 2008 à 17h53.

Dans un article précédent « Floraison cycliste », je narrais avec humour et même, je dois l’avouer, un certain plaisir, l’augmentation du nombre de cyclistes dans des villes mal préparées, avec les inévitables frictions que cela allait immanquablement provoquer.
Président de l’Organisation Bus cyclistes

Un évènement lors d’une manifestation cycliste l'an dernier à Toulouse qui ne s’est pas entièrement déroulée comme prévue, confirme d’une façon trop éclatante que ce n’était pas qu’une vue de l’esprit, et qu’il est peut-être temps de réfléchir à certaines modifications de directions, ou nouvelles initiatives à mettre en place.
A l’origine, l’objet de la manifestation était de protester contre un nouvel aménagement d’une rue, qui remplace deux voies bus/vélo en sens inverses et une double voie auto par une bande piétonnière, une bande cycliste et deux voies autos/vélo. Avec pour conséquence de mêler les cyclistes au trafic dans un des deux sens. Il y a bien, pour les cyclistes, la perte d’une voie en secteur protégé, avec pour effet cette fameuse co-habitation autos/vélos que j’évoquais dans l'article précédent.

La mise en place de cette dernière est justement le sujet qui m’interpelle le plus aujourd’hui. En fait, il y a dix ans et plus, les cyclistes urbains étaient rares. Contrairement à ce qui se passe parfois aujourd’hui, Il ne m’est jamais arrivé d’avoir une difficulté pour stationner mon vélo pour cause de place déjà prise. J’étais peu considéré par les automobilistes, c’est vrai, mais cela ne m’a jamais posé un réel problème, je m’adaptais. Et s’il m’arrivait, exceptionnellement, d’emprunter un secteur piétonnier ou bien une partie de trottoir, cela ne constituait pas vraiment une gêne pour les piétons, puisque c’était un évènement exceptionnel ou rare.

Avec l’augmentation du nombre de cyclistes, les choses sont en train de changer, et de façon assez nette. Eduqué à la pratique du vélo il y a trente cinq ans, j’avais appris que les vélos n’avaient pas le droit de rouler sur les trottoirs, mais devaient serrer le bord droit de la route pour pouvoir se faire dépasser par les voitures.
Les nouveaux cyclistes urbains, qui, il n’y a pas si longtemps, étaient des automobilistes quotidiens, semblent avoir plutôt intégré le fait qu’il n’est pas possible de rouler sur la route en toute sécurité, et que c’est pour cette raison que des pistes cyclables ont été réalisées, en attendant que des « sites propres » puissent se développer un peu partout pour permettre le développement de l’utilisation du vélo. Ces notions semblent justifier à leurs yeux de réquisitionner les trottoirs pour se déplacer à vélo. Et donc, les piétons se plaignent du comportement des cyclistes. Utilisant le vélo depuis trente ans, je vois bien qu’il s’est développé une sorte de rejet du cycliste de la part de certaines catégories de personnes, et que cela n’existait pas précédemment.

Je crois qu’il y a fausse route sur certains points et que nous, associations souhaitant favoriser le développement de l’utilisation du vélo comme moyen de transport, avons un rôle à jouer. Tout d’abord, je tiens à rendre hommage au travail de sensibilisation et de conseil qui a été fait par ces associations (l’obc, toute récente, n’a pas participé à cet effort) et qui a eu pour effet ces réalisations d’aménagements cyclables. Quel confort psychologique pour un parent de pouvoir laisser son enfant aller au collège à vélo en sachant qu’il n’empruntera que des parcours sécurisés. Il reste des choses à faire, mais c’est bien amorcé. Mais, aujourd’hui que la dynamique est bien lancée, que le grand public commence à utiliser le vélo, il faut se poser sérieusement la question de la stratégie à adopter. Aménager le territoire entier en pistes cyclables n’est pas possible. Cela prendrait énormément de temps au regard de la déferlante des cyclistes. Au rythme auquel vont les choses, les infrastructures ne pourront pas suivre l’augmentation du nombre de cyclistes. Et quand bien même cela était réalisable, il restera toujours un brin de route non équipée à utiliser pour rentrer chez soi.
Partant de là, il faut bien se rendre à l’évidence, les automobilistes doivent réapprendre à prendre en considération les cyclistes, et ces derniers rouler au côté et parmi les voitures, sans forcément demander des conditions inaccessibles.

C’est pour ce dernier point que l’Organisation Bus Cyclistes a un rôle à jouer.
Elle s'appuie sur ceux qui pratiquent déjà, qui peuvent promulguer des conseils et rassurer les utilisateurs potentiels. Et démontrer ainsi que, finalement, nous ne sommes pas si loin de ça de pouvoir utiliser le vélo à grande échelle. Il suffit de se connaître, de connaître l’autre, et de recommencer à partager la route. Avec un peu de temps, cela s’adaptera.

Après tout, là où une voiture peut passer, un vélo aussi.

Hervé

Président de l’Organisation Bus Cyclistes

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