Le vélo-bashing ... ou comment instrumentaliser le cycliste urbain
Le vélo-bashing ... ou comment instrumentaliser le cycliste urbain

Le vélo-bashing … ou comment instrumentaliser le cycliste urbain

Le vélo serait-il devenu un instrument politique ?! Sans blague ?!

14022321215_120ba2d5be_zSoyons clair : Que le vélo soit l'outil de déplacement du bobos, du hipster, du prolo, du boloss ou encore de la ménagère de moins de 50 ans, on vous avouera qu'ici, on s'en tamponne un peu le coquillard. Ce qui nous importe, nous, c'est que le vélo soit dûment utilisé dans un but de déplacement, urbain ou extra-urbain, au final peu importe qui vient poser son séant dessus !

Ceux qui nous suivent depuis quelques temps le savent, Weelz.fr n'est pas arrivé comme un cheveu sur la soupe pour profiter de l'engouement général sur ce mode de transport. Non, le magazine à désormais plus de six ans d'existence, et l'on était loin à l'époque de s'enthousiasmer dessus (ou de casser du sucre selon) dans les grands médias.

582256891_808bc29178_zPas question non plus pour nous de rentrer dans la gué-guerre fratricide et ô combien inutile "vélo vs bagnole". Weelz n'a jamais prôné l'écologisme exacerbé avec un discours 100% pro-vélo, dénonçant la voiture comme la responsable de tous les maux de nos villes.

Non, la voiture reste un excellent outil pour nous transporter sur de longues distances (tant qu'une autre alternative viable n'aura pas été trouvée), mais le vélo reste lui l'une (je dis bien "l'une") des meilleurs solutions pour désengorger nos villes d'un trafic automobile devenu clairement intolérable pour beaucoup d'agglomérations sur la planète.

"Droit de vie et de mort..."

Voilà. Les choses étant clairement introduites, je voulais réagir (en bien) à cet article du journaliste Jean-Laurent Cassely paru sur Slate.fr, intitulé "Comment le vélo est redevenu un sujet politique", et qui réagit lui-même (en mal cette-fois) à un article de l'écrivain Camille Pascal, "La dictature du vélo" publié sur le site du magazine Valeurs Actuelles, et qui n'avait pas manqué de faire réagir bon nombre de concitoyens sur cette image parfaitement négative que ce monsieur Pascal donnait alors du cycliste urbain, ces "gens responsables qui sauvent la planète en pédalant et qui ont donc, à ce titre, droit de vie et de mort".

Clichés cyclistes

6197285485_668552aabb_zLe portrait qu'il dresse du "bobo cycliste en ville" parait en effet tellement caricaturale et parodique qu'on aurait presque pu croire à un article gorafesque, mais non, malheureusement, il s'agit là de mots dûment réfléchi par un "pauvre piéton" qui s'était fait le matin-même bousculer sur les quais de Seine par un cycliste pressé.

J'ai eu beau chercher dans les méandres d'internet, je n'ai pas trouvé ce même type de billet d'humeur d'un piéton qui aurait été ennuyé par une automobile... gageons que cela n'a jamais dû arriver...

L'article cumule les stéréotypes et les clichés. Pour lui, le cycliste urbain est un grand bourgeois "juchée sur un magnifique vélo noir hollandais" ou encore un "étudiant nonchalant" qui, semble t'il, s'amuse à "rayer la carrosserie" des voitures qu'il croise, non sans oublier d'en insulter leur propriétaire...

Il y a 2,3 millions d'étudiants pour à peu près autant de voiture dans l'Hexagone... Nous ne soupçonnions pas ce véritable massacre de portière qui se déroule chaque jour dans nos rues...terrible. Même le cycliste sportif en prend pour son grade, cet énergumène, "moulé dans d’extravagantes combinaisons" et qui (comble de la stupidité...) porte un casque "tout droit sortis de la Guerre des étoiles"...

Et l'auteur de conclure par cette monstrueuse affirmation : "Le vélo n’est plus un moyen de locomotion, il est désormais un signe identitaire, un choix politique. Hier il était un sport, aujourd’hui il incarne une idéologie totalitaire et en cela il est devenu très dangereux."

3627891851_72a14a4e52_zAlors. Rappelons, comme l'a fait le journaliste Jean-Laurent Cassely, à Monsieur Pascal, que le vélo était là bien avant la voiture et qu'il était à une certaine époque, pas si lointaine que cela, le seul et unique moyen de locomotion de nombreuses personnes. C'est justement vers la fin des années 60 que cet état de fait s'est effacé, victime d'une intense propagande pro-voiture des différents gouvernements de l'époque. Citons Pompidou qui affirmait en 1970 : "L’automobile individuelle est un instrument de libération".

40 ans plus tard, au regard des chiffres sur le nombres d'heures passées par un automobiliste dans un embouteillage, cet adage ne semble plus si évident que cela. Et il semble bien peu probable qu'un cycliste aujourd'hui enfourche chaque matin son vélo dans le dessein d'afficher clairement son engagement politique ou son appartenance à une certaine classe sociale, pas plus qu'un piéton qui arpente le trottoir ne désire montrer sa relation à quelconque bords, tribus ou autre communautés... A la différence d'ailleurs d'un automobiliste dont le véhicule est bien souvent le signe de l’accession à un certain statut social, un signe extérieur de richesse.

Quand à ce cycliste insouciant qui a failli vous bousculer et filé sans la moindre excuses, il est évident que nous ne cautionnons pas ce type d'attitude et nous rappelons que chaque usager à le droit à sa place sur la voie publique, en respectant l'ordre de faiblesse de chacun...

582256891_808bc29178_zMais de grâce, cessez de vouloir absolument ranger dans une case le cycliste urbain, en le faisant passer pour ce bobo-écolo vélo-vindicatif, qui pense que le conducteur de voiture représente le diable en personne, ou que le piéton n'est qu'un insecte qui doit se pousser sur son passage !

Non, le vélo n'est pas devenu un dangereux outil politique comme vous le décrivez, mais simplement l'un des moyens idéal pour désengorger nos villes et les rendre plus respirables pour les générations actuelles et futures.

Pour le reste, on vous invite à relire l'article de Jean-Laurent Cassely qui résume, de manière beaucoup plus subtile, les causes et effets de l'évolution de la pratique cycliste en ville sur ces quarante dernières années, en s'appuyant d'ailleurs sur deux ouvrages très intéressants : "Le retour de la bicyclette. Une histoire des déplacements urbains en Europe de 1817 à 2050" de Frédéric Héran, et "Le pouvoir de la pédale. Comment le vélo transforme nos sociétés cabossées" d'Olivier Razemon.

Et vous, pourquoi faites-vous du vélo ?

Vous avez aimé cet article ? N'hésitez-pas à vous abonner à notre newsletter. Vous pouvez aussi nous ajouter en favoris directement dans Google News. Et si vous voulez approfondir votre vélo culture, nous décortiquons l'actu vélo dans cette autre newsletter, Weelz! Décrypte. Une question, une remarque ? Contactez-nous.

Retour en haut de page