Amsterdam, une vi(ll)e à vélo
Amsterdam, une vi(ll)e à vélo

Amsterdam, une vi(ll)e à vélo

Article publié le mardi 28 octobre 2014 à 05h30 et mis à jour le vendredi 26 août 2016 à 10h00.

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Comme vous l'avez constaté si vous suivez notre page Facebook, nous étions il y a peu dans ce que l'on pourrait appeler l'antichambre du paradis pour tout cycliste urbain dans le monde : la ville d'Amsterdam !

Ce petit village de pêcheurs, installé à l'embouchure de l'Amstel sur le Zuiderzee, s'est rapidement développé au fil des siècles, notamment grâce au rayonnement économique et commercial de son port (depuis supplanté par Rotterdam).

La volonté de gagner sans cesse du terrain en asséchant des kilomètres et des kilomètres carrés de terres, l'a amené à construire un réseau gigantesque de canaux afin d'évacuer facilement l'eau vers la mer. Mais ces canaux prennent de la place et l'espace urbain s'est vu considérablement réduit.

Aujourd'hui, il suffit de se balader dans la ville pour comprendre que celle-ci n'est absolument pas adaptée pour la voiture. Des rues étroites, qui ont donc tout naturellement fait la part belle au déplacement à vélo.

Les sirènes de l'automobile

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Pourtant, la mode du tout-voiture a bien failli sévir ici également dans les années 70. Mais tandis que partout ailleurs on chantait les louanges de la déesse bagnole, ici, on a également très vite constaté sa dangerosité face aux usagers de la route plus vulnérables.

IMG_0416C'est à partir de là que des politiques pro-vélo se sont mise en place, doublées d'une batterie de mesures anti-automobilistes.

Les propriétaires de voiture doivent, entre autre, s'acquitter d'une licence très onéreuse pour avoir le droit de stationner dans leur quartier.

Le coût des horodateurs est très élevé (en moyenne 2x plus cher qu'à Paris) et la maréchaussée veille au grain en cas de non-paiement. De même, les enlèvements de fourrière sont fréquents et leur facture est salée. Les moteurs diesel sont purement et simplement interdits et les camions de livraisons doivent respecter des normes strictes.

Le résultat est net : le nombres de cyclistes en ville a augmenté de 44% en 20 ans. Mais cette augmentation a son revers de la médaille, comme nous vous l'avions expliqué fin 2012, Amsterdam frôle souvent le trop-plein de vélo dans ses rues. Les pistes cyclables sont souvent congestionnées, autant que les parkings vélo, pourtant très nombreux dans la ville.

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Pour autant, circuler dans la ville reste extrêmement agréable. Certes, si vous voulez faire votre touriste de base et flâner le nez en l'air, vous vous serez vite rappelé à l'ordre par des coups de sonnettes furibonds pour vous faire comprendre qu'il vaut mieux pour vous de maintenir votre droite. Telle est la loi ici à Amsterdam.

A noter qu'il faut également faire attention aux scooters sur les pistes cyclables, la législation néerlandaise étant assez flexible, ils sont autorisé à y circuler sans casque.

Fléau du vol

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Les trois "X" que l'on peut voir sur les armoiries d'Amsterdam symbolisent les trois grands fléaux qu'à connu la ville : incendie, inondation et peste. Aujourd'hui on pourrait y rajouter un quatrième, celui du vol de vélo.

Dans une ville qui compte plus de vélos que d'habitants (880 000 bicyclettes contre 780 000 habitants au recensement 2011), vous avez une chance sur quatre de voir votre vélo disparaitre.

Pour le retrouver, trois solutions : soit il a atterri au Waterlooplein market, le marché aux puces, véritable plaque tournante du marché noir cycliste d'Amsterdam (il n'est pas rare qu'un amstellodamois achètent plusieurs fois son propre vélo...).

Weelz-visite-Amsterdam (7)Soit, il est au Fietsdepot, le dépôt des vélos mal stationnés ou abandonnés. Là-bas, les "weesfiets" (vélos orphelins) s'entassent en attendant la venue hypothétique d'un éventuel propriétaire.

Seulement 25% du stock est réclamé, le reste repart, après trois mois d'attente, vers des ateliers de réinsertion ou encore pour des projets de coopération avec des pays africains.

Dernière solution : savoir nager... Il se dit là-bas que les canaux font trois mètres de profondeur : 1 mètre de vase, 1 mètre de carcasse de vélo et 1 mètre d'eau ... !

Weelz-visite-Amsterdam (6)Partant de ce constat, vous imaginez bien que peu d'amstellodamois se risquent à circuler dans les rues avec un vélo dernier cri. Le parc vélo d'Amsterdam est incroyablement vétuste, et à regarder les cyclistes dans les rues, on se demande parfois comment certains vélos font pour encore rouler ... !

Un collectif cycliste puissant

 

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L'histoire du passage sous le Rijskmuseum reflète bien la toute-puissance du lobby cycliste dans la capitale des Pays-Bas. En 2003, la rénovation du plus grand musée du pays, le Rijsk, est confiée à deux architectes espagnols, Antonio Cruz et Antonio Ortiz.

Ceux-ci décident alors que le passage (aussi appelé le tunnel) sous le musée, qu'utilisent quotidiennement piétons et cyclistes, sera fermé pour devenir l'entrée principale du musée. Les travaux démarrent et sont estimés à environ trois ans.

Mais cela, c'était sans compter sur le Fietserbond, le collectif vélo néerlandais très influent, qui, lorsqu'il s'en est aperçu, est monté au créneau ! Ce passage, en plus d'être pratique, est très symbolique pour les habitants d'Amsterdam, car il représente un vrai point de jonction entre l'ancienne ville au nord (celle des canaux) et la nouvelle ville au sud.

Après plusieurs dépôt de plainte, procès et appels, le Fietserbond a finalement eu gain de cause, et les architectes ont du revoir totalement leur copie. La réouverture totale du musée aura finalement lieu au bout de dix ans de travaux au lieu des trois ans initiaux, pour un coût total estimé à près de 222 millions d'Euros !

Qu'est ce qui est pire que de fâcher un néerlandais ? Fâcher un cycliste néerlandais !

Viens à Amsterdam

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Oui, c'est un conseil que nous ne pouvons que donner. Il faut l'avoir fait au moins une fois dans sa vie. Il règne ici une sorte de coolitude propre à la ville, un mélange de frénésie et de quiétude, bercé par le clapotis des canaux et le passage ininterrompu des cyclistes.

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Au passage, on remercie Henry (Cutler) de Workcycles de nous avoir permis de tester leur nouveau biporteur, le Kr8 (compte-rendu bientôt sur Weelz).

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On remercie également Paul Spits, de Amsterdam Vélo, qui propose des visites à vélo d'Amsterdam menées par des guides francophones. Le tour du centre-ville, emmené tambour battant par notre charmante guide Alice, a été fort instructif pour mieux comprendre l'histoire de la ville. N'hésitez-pas à aller les saluer pour nous !

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